Avec près de 80 000 euros de pertes depuis leur création, les membres de l'association dénoncent un sous financement public flagrant.
60 000 euros de subventions annuelles accordées par la Ville, c'est " deux fois moins qu'une SMAC (scène de musiques actuelles) moyenne ", selon Jean-Marie Potier, directeur artistique du Kao qui compare avec l'Olympic, salle de concert du même acabit, subventionnée par la mairie de Nantes à hauteur de 499.000 euros.
Mais les salles proposant une diffusion de musiques actuelles se comptent sur les doigts d'une main dans la région nantaise tandis que Lyon en compte plus d'une quinzaine. Jean-Pierre Bouchard, chargé des musiques actuelle à la ville de Lyon, temporise : " la Ville est bien obligée de répartir ses moyens et ses équipements mais le Kao est la SMAC que l'on subventionne le plus, et de loin "
Selon lui, le blocage viendrait du désistement de l'entreprise Holding Kao qui subventionnait l'association depuis sa création : " la Holding Kao s'est retirée pour des raisons internes, des raisons de gestion sans égard pour l'intérêt général de la salle et des artistes". "Le Kao demande à la Ville de se substituer à la Holding mais on ne peut pas payer à la place d'un acteur privé ", poursuit Jean-Pierre Bouchard. Qui estime que " le Kao a fait des choix commerciaux risqués ". " Les travaux et la construction d'un étage ont entraîné de nouveaux emprunts, la Ville ne peut pas payer pour ces mauvais calculs, qui plus est, sont financés par le Ninkasi ", explique t-il.
Un brasseur dans l'histoire
Sans le Ninkasi, le pub-restaurant et brasseur de bières, qui jouxte la salle de concert à Gerland, l'association du Kao éviterait les polémiques. Mais elle pourrait difficilement s'en passer : ce mécénat artistique et financier dure depuis une dizaine d'années. Mutualisation des outils, mise à disposition des locaux, rémunérations des prestations artistiques, aides financières ponctuelles pour boucler les budgets ainsi qu'un investissement à chaque fin d'année (24.000 euros pour la saison 2009). La contribution du Ninkasi reste indispensable dans le fonctionnement du Kao qui, pourtant, souhaiterait s'émanciper.
Pour palier le déficit, l'association a alors élaboré un projet culturel alternatif dans lequel il demande un supplément de 120.000 euros d'aide publique. En réponse, Georges Képénékian a accordé début janvier, une aide de 80.000 euros pour la programmation 2009. Soit 20.000 euros de plus que les années précédentes. Mais la DRAC et la région qui contribuent au fonctionnement de l'association à hauteur de 76.000 euros et 80.000 euros respectifs, n'ont pas, elles, pu augmenter le montant de leurs aides.
Le département, porte de sortie de crise ?
Selon Jean-Pierre Bouchard, Georges Képénékian est sur le point de convaincre le département du Rhône de s'associer au secteur des musiques actuelles. Le Rhône finance déjà de longue date les Nuits de Fourvière, et s'est dernièrement engagé pour Woodstower, en septembre 2009.
Le département sera-t-il l'élément de sortie de crise pour les SMAC en péril ? Rien n'est moins sûr. Mais un tour de table afin de coordonner l'action de Lyon, du département et de la région sur les structures culturelles de la ville est sur le point d'être organisé. En avril, le montant du budget alloué pour le Kao sera fixé. Et l'association, aussi.
Mais Jean-Marie Potier l'explique à maintes reprises : " sans un budget revu à la hausse, l'association devra mettra la clé sous la porte, dès juin 2009. On ne pourra rembourser le prêt Contrat National des Variétés qui tombe en juillet 2009 ni maintenir notre activité pour septembre. On espère que le département se joindra à notre action ".
Au programme
En février-mars, au programme du Kao, rock, électro, blues, new wave ou hip-hop : la salle de concert accueillera des pointures de tout genre, comme l'artiste pop Peter von Poehl (le 26 mars) ou les groupes rock-electro We Are Terrorist, le 13 février (lire article) ou Stuck in the Sound le 19 mars.
Comme d'habitude, l'association fera également la part belle à plusieurs artistes émergents, coups de cœur des programmateurs : de groupe post-punk Frustration, le 16 février, en passant par Melissa Laveaux, artiste folk & blues présente le 26 février.
Une pétition pour soutenir le projet du Kao est disponible sur le site http://kao-projetculturel.blogspot.com.
Le programme complet du Kao sur le site http://ninkasi.fr
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