Ils ont écrit un roman épistolaire à quatre mains. C’est donc à deux voix qu’ils viennent nous en parler ce mercredi soir à la librairie La Voie aux Chapitres.
L’Incendie est un roman épistolaire. Deux hommes s’écrivent suite à un séjour au pays de l’exilé des deux, qui les a fait se retrouver après des années de silence. Ils furent amis. Ils étaient jeunes. Ils étaient trois. Et, ensemble, ils ont participé à la guerre, dans leur pays qui s’appelait autrefois la Yougoslavie.
Ils étaient jeunes et rêvaient d’élever des lapins, pour distraire leurs pensées de la mission nocturne qui leur avait été ordonnée, de leur chef, de la fatigue, de la nuit, de la peur. Et puis ils sont arrivés à leur but, et plus rien n’a jamais été pareil.
Quatre mains impossibles à séparer
Dans ces lettres croisées expédiées au-dessus de l’Atlantique, deux voix tentent de dire, ou renoncent, de reconstruire une mémoire commune, du moins des morceaux. Ces deux voix, celles de deux hommes désormais adultes, impossible de les attribuer d’un côté à Hubert Mingarelli, de l’autre à Antoine Choplin.
On retrouve beaucoup de traits mingarelliens dans L’Incendie : la marche, quasi consubstantielle à tous ses romans ; la maison où pousse un arbre, qui ici n’est pas le refuge du Voyage d’Eladio même si quelque chose y meurt également ; le fleuve qui aide à se retrouver…
Mais la géographie, plus sensible que topographique chez Hubert Mingarelli, même dans des textes où les personnages sont des soldats (notamment L’Année du soulèvement), est ici historique et douloureusement présente à l’esprit du lecteur. L’histoire, celle des livres mais surtout des hommes qui l’ont faite, il nous y avait pourtant déjà plongés dans Un repas en hiver. Est-ce là la source des questions qu’il partage avec Antoine Choplin, qui dans La Nuit tombée cherchait aussi une mémoire contemporaine, celle de Tchernobyl ? Peut-être nous le dévoileront-ils tous deux ce mercredi…
