Moi, je ne suis que paresseuse et désorganisée." Toute en modestie, Leila Arab, simplement appelée sur scène par son prénom, s'est fait une place dans le monde de l'électro grâce à un réseau remarquable, allant de l'Islandaise timbrée la plus connue, à quelques producteurs anglais bien vus.
Elle accumule les étiquettes. A la fois DJ, producteur, ingénieur du son et compositrice, cette jeune artiste de 35 ans éblouit par sa polyvalence et son approche démiurgique et expérimentale de la musique. Les pieds sur terre, Leila Arab assure à qui veut l'entendre qu'elle ne fait de la musique que pour elle-même et pour ses proches. "Je n'ai pas de carrière, je suis trop borderline pour ça", estime-t-elle. L'onirisme fabuleux et la fougue sonore de Leila sont devenus en trois opus sa marque de fabrique, qui n'est pas sans rappeler Prince et Kate Bush, les deux artistes qui l'ont "musicalement éduquée".
Du sang, des métiers à tisser et des fleurs
Partie d'Iran à huit ans avec ses parents, pour fuir la révolution islamique qui faisait rage en 1979, Leila, devenue londonienne, n'a pas pour autant oublié ses racines : "les mélodies de mes chansons et mes émotions proviennent avant tout de mon pays, c'est mon sang". Elle y semble même très attachée. "L'Iran est une terre de culture depuis 200 ans, mais les Iraniens sont aux yeux du monde des idiots alcooliques, et en fait, les Anglais sont bien pires", lâche-t-elle. Pourtant, l'artiste anglo-iranienne n'envisage pas de repasser un jour sur sa terre natale: "mon père, proche du Shah de l'époque, avait décidé de ne plus jamais revenir en Iran, cela m'a souvent rendu triste mais je respecterai ce choix, pour sa mémoire", nous confie-t-elle.
La mort récente de ses parents a d'ailleurs créé une vraie défaillance dans la musique de la jeune femme. "Je me fichais de tout, même de la musique, accablée par la dépression, j'ai dû me faire violence pour continuer", raconte-t-elle. Son troisième album leur est dédié. Blood, Looms and Blooms (Du sang, des métiers à tisser et des fleurs), sorti l'été dernier, traduit bien la singularité bizarroïde de l'artiste. Tantôt enfantin, écorché, farfelu ou organique, l'univers foisonnant de Leila ne connaît pas de limites. "Je n'appartiens à aucun genre, j'aime le mélange des styles, je ne suis pas engagée à vie dans l'électro", pense-t-elle. Avec cet album, l'artiste fait pourtant la part belle à une musique expérimentale assez inédite. Véritable technicienne du son, Leila alterne les machineries bruyantes et les mélodies appuyées (Mollie, Time To Blow) avec des comptines méchamment désabusées (Norvegian Wood, Why Should I ?). Avec brio.
Leila. Le 22 février, à la Plateforme, Lyon 3è. www.myspace.com/leilaarab
Retrouvez l'entretien complet avec Leila Arab sur www.lyoncapitale.fr.