Annoncée à grand renfort de qualificatifs tels que sexy, drôle, loufoque, interdite aux enfants, la Cie canadienne, Les 7 doigts de la main, déroule un show déjanté qui nous fait curieusement osciller entre jubilation et indifférence. A vous de choisir !
Programmée pour la première fois à Lyon, la compagnie Les 7 doigts de la main, composée de sept circassiens et d’un DJ, débarque du Canada avec La Vie, un spectacle conçu en collectif et qui mêle cirque et cabaret. Mené par un Monsieur Loyal au faciès de diable et au verbe cru et provocateur, il nous plonge dans un lieu de purgatoire pire que l’enfer, avec en fond cette idée que la vie doit être vécue dans l’instant présent. Plutôt judicieuse, la scénographie est posée à trois endroits. Celle du DJ live qui balance tout du long de la bonne musique, la partie centrale avec une petite scène ronde qui évoque à la fois une arène, un ring, un petit cirque, une piste de bal et la troisième qui réserve une surprise aux spectateurs eux-mêmes. Qui dit purgatoire dit mélange des genres, avec humour noir, blagues sexuelles graveleuses, scènes érotiques ou vulgaires, scènes de séduction, comportements de dépravés, personnages désinhibés ou relevant de l’asile psychiatrique. En même temps qu’ils expient leurs fautes, ils en commettent d’autres et semblent trouver le point d’équilibre qui rattache à la vraie vie.
Un spectacle inégal
On a droit à de bons moments visuels tels des détournements de lieux ou d’objets, retransposés dans les expressions corporelles des artistes. Ainsi la première scène se déroulant dans un avion avec cet handicapé qui, perché et évoluant sur un seul bras, devient lui-même avion. Ou encore, le solo de cette femme qui danse sur un lit d’hôpital, maintenue par une camisole de force et qui utilise toutes les contorsions possibles de son corps. Autre scène, carrément sexuelle, d’un homme et d’une femme qui font l’amour sur une table de bistrot. Certains numéros nous émeuvent ou nous impressionnent, tandis que d’autres comportent des ratés dans leur exécution. Par moments, on est happé par des fous rires tandis qu’à d’autres on reste indifférents. Il règne autour de cette pièce une sensation de quelque chose de très fugace qui ne relève pas de la thématique cherchant l’instant présent, mais plutôt d’une absence d’impact artistique qui marquerait nos esprits d’une manière joyeuse ou poétique. Paradoxalement, il manque une réelle folie qui donnerait un show moins balisé dans sa construction et qui perd parfois son rythme. Il manque surtout ce moment où ils seraient tous ensemble, dans un même numéro, à nous faire partager cet instinct de vie plus fort que la mort.
La Vie, Cie les 7 doigts de la main. A la Maison de la danse, jusqu’au 30 mars.