Moment unique, suspendu dans le temps, la Fête des Lumières, du 5 au 8 décembre, habille la ville de lumières avec plus de 70 projets. Lyon Capitale a fait une sélection et peint 8 tableaux, afin de mettre un peu à nu cette nouvelle édition.
Alors que jadis, la célébration du 8 décembre se faisait dans l’intimité avec de petits lumignons dont les flammes tentaient de résister aux froides nuits d’automne, l’événement a muté ces dernières années en une gigantesque fête populaire. Certes le commerce et les chiffres sont désormais de la partie mais l’art et le rassemblement sans distinction d’âge, de sexe, d’origine, de religion et de classe sociale viennent balayer les réticences que l’on peut avoir sur l’événement. Pendant quatre jours la population déambule, le cœur léger, et assiste à un spectacle généreux dans une ville coupée du monde et plongée dans le rêve. Chaque année la fête est un défi pour la ville avec un public lyonnais de plus en plus exigeant, car devenu pointu en matière de spectacles sons et lumières et parfois troublé par l’absence de thématique générale. Si l’année 2008 a enchanté avec ses multiples rêveries enfantines, l’édition 2007 avait été vivement critiquée par son manque d’originalité et de beauté. Quoiqu’il en soit, 2009 s’annonce être un très bon cru…
1 - Cronos, le titan fait son temps
On se souvient tous de la magnifique installation Place Saint-Jean en 2005 qui avait pour thématique centrale l’écoulement du temps. Ce sera à nouveau le cas avec une scénographie visuelle et sonore de Damien Fontaine, intitulée Les Bâtisseurs. Deux gigantesques mains viendront pétrir la façade de cette cathédrale âgée de 9 siècles et construite en 300 ans. L’hymne au temps se poursuit en allégorie sur la Place des Terreaux avec “Jouons avec le temps…” des artistes Marie-Jeanne Gauthé et Fabrice Chouillier. Métronome géant et déclinaison des quatre saisons camperont sur la place et dans la cour de l’Hôtel de Ville. Et pour les fans du chrono et de la météo : de la Place Maréchal Liautey au Parc de la Tête d’or, “Tic Tac la nuit des temps” transporte dans une variation sur le temps qui passe et les Berges enneigées au Parc de la Tête d’or sont une ode à l’hiver et au temps qu’il fait !
2 - Viva il cinema !
Le charme de Rome habitera Lyon grâce à une installation Dolce Vita sur la Place des Jacobins. Ambiance fellinienne et cinéma italien des années 60 avec projections en 360° de scènes de comédie. Ce concept, rappelant une magnifique scène du film Cinema Paradiso de Tornatore , a été imaginé par Robert Nortik sur une bande originale de Robert Clerc. La cour de l’Hôtel Dieu se mettra elle aussi aux couleurs de l’Italie et de la Méditerranée avec le projet Cordadra. Des draps habillés de lumières, suspendus aux fenêtres, révèleront la beauté architecturale du lieu. Le cinéma envahira la Place Bellecour avec la projection du film La nuit au Musée sur un écran géant circulaire installé sur la grande roue.
3 - Le printemps en décembre
Sous les pavés la plage et sous la neige les fleurs ? Le réchauffement climatique envahit l’art avec le Jardin des lumières en fleurs dans la Montée de la Grande Côte. Gilbert Moity, le célèbre “designer lumière” a imaginé un champ de 44 fleurs lumineuses géantes, une sorte de fantasme tout droit sorti d’un conte et qui prendra forme dans le réel. Mon jardin public, Place Louis Pradel, verra danser des végétaux futuristes et lumineux dans une installation mêlant prouesses techniques et poésie. L’Île Barbe aura droit, elle aussi, à son jardin de lumière poétique dans un univers dédié aux enfants.
4 - Les métamorphoses
Il faudra s’habituer à ce que Lyon soit espionnée pendant quatre jours par une gigantesque marionnette de 13 mètres, sortie de l’imaginaire de Sébastien Lefèvre en collaboration avec le plasticien Yves Perey. Appelé l’homme digital, ce pantin lumineux animé sera accroché sur la Tour TDF de la colline de Fourvière. Son jumeau Super Digital sera visible au Pôle de Loisirs et de commerces de Lyon Confluence. Le square du Général Delestraint et l’Hôtel du Département subiront une étrange métamorphose d’un autre ordre avec les lumignons enchantés qui transformeront les lieux en fabriques géantes de lumignons.
5 - Les échos de Marie
Cette année, pour la première fois, c’est la façade de la Basilique de Fourvière qui sera mise en lumière, par les Orpailleurs de Lumière et Jean-Luc René, dans un projet Carillons et tableaux de lumière dont émergeront des formes et des ombres qui évoqueront les grands courants esthétiques de l’histoire de la peinture sur une création sonore interprétée par le carillon et les 23 cloches de la Basilique. Ce retour aux sources au sein de la mythique colline religieuse sera complet avec le spectacle La Véritable Histoire du 8 décembre, Place Valensio.
6 - Un cœur en mouvement
Depuis 2005, l’opération les Lumignons du cœur permet à une association d’investir un lieu et d’être ainsi mise en lumière. Cette année il s’agit du secours populaire sur la Place des Célestins qui réalisera une fresque avec 5000 lumignons. Les histoires de cœur se poursuivent à l’Église Saint-Nizier qui, elle, va littéralement prendre vie en combinant lumières et sons. L’installation Respirations de Marc Dumas donnera l’impression que le bâtiment bouge et se déplace comme un corps. Le quartier de la Duchère, avec la compagnie Là Hors-de et le projet la Duchère (D)paysée, offrira un parcours lumière et vidéo, une “battle” de light graff professionnels et amateurs, mais aussi “le grand banquet du monde”, organisé par les habitants. Puis les lyonnais seront les stars du projet Syndromes de Ghyslain Bertholon qui brossera le portrait de la ville à travers une médiation lumineuse sur les Berges du Rhône entre le Pont Wilson et la Passerelle du Collège.
7 - La fête des fous
À la manière des fêtes du Moyen- Âge, de multiples artistes de rue investissent la ville. Rue des Charmettes dans le 6è, la Compagnie du Gai Savoir propose un parcours “Vous avez…laissé allumé”, une veillée lumineuse sous forme de divagation autour du conte et du chant. Le projet Les Deux Rives, passerelle Mazaryk dans le 9è, met en place une marche lumineuse sur le thème du fleuve avec péniche, poissons lumineux, jongleurs et cracheurs de feu.
8 - Deus ex machina
Ce sont un peu des impromptus de cette fête qui viennent la parfaire et l’embellir… Des petites cerises sur le gâteau, inclassables et seulement belles ! La Gare Saint-Paul convie logiquement les spectateurs à un voyage avec Cristallina Machina. Un arbre-signal surréaliste et des effets visuels lumineux occuperont l’espace. Le voyage continuera Place Raspail (7è), un Phare échoué au cœur de la ville suivra les mouvements de la foule et la guidera. De la mer aux étoiles, il n’y a qu’un pas, alors direction le Rhône face aux terrasses de la Guillotière où brilleront 365 stars, soit un tapis d’étoiles sur l’eau. Le Musée Gadagne sera magnifié par Renaissance, une sorte de mise en beauté destinée à la redécouverte du lieu après les 10 années de rénovation.
Et pour ceux que la foule ennuie, une balade dans les campagnes aux alentours de Lyon est recommandée afin de découvrir la Fête des Lumières à l’ancienne, avec juste quelques façades habillées de lumignons dont les feux brillent plus que jamais dans une vraie nuit noire dépourvue d’éclairages urbains. La modestie a un charme et une poésie inestimables aussi…
Fête des Lumières
Du 5 au 8 décembre 2009
Programme complet sur www.lumieres.lyon.fr
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