Reportage - Tel un explorateur à la poursuite de l'Art, suivez les flèches dans les Pentes de la Croix-rousse. Quatre-vingt-trois artistes vous ouvrent leurs ateliers tout le week-end.
"On fait tous de la création qui n'existe pas ailleurs, mais personne ne le sait", et c'est bien dommage. C'est pour cela que les artistes des Pentes de la Croix-Rousse à l'image de Maud, ouvrent leurs portes ce week-end de 14 heures à 19 heures.
L'entrée est gratuite et les artistes sont là pour répondre aux questions, exposer en nombre leurs pièces les plus fameuses, leurs dernières créations. L'événement, dont c'est la première édition, a engendré de belles énergies, tel celle de Maud Ovize, rue Sergent Blandan. A "l'atelier de la presque grenouille", elle nous propose un travail de peinture sur verre, à la façon des camets (médaillons) de nos grand-mères ou quand l'art contemporain -les dessins rappellent ceux des BD- rencontre l'art classique. Et parfois, le mélange est détonnant comme sur sa dernière pièce : un paravent onirique, qui évoque l'eau, les nénuphars, le Japon. Toute une ambiance qu'on aimerait transposer dans notre salle de bain. Dans les tons de bleus, simplement magique. Mais pourquoi pas se contenter d'un petit tableau, très joli aussi. Le coeur balance.
Plus loin, dans la rue, trois jeunes filles en fleurs s'adonnent à leurs passions : la couture, la fabrication de bijoux et la chapellerie. "Les fileuses de Bonaventure" se sont installées récemment, elles ne vous liront peut être pas l'avenir dans les lignes de la main, mais elles vous présenterons avec plaisir leurs chapeaux bandeaux, leurs étoles en patchwork et leurs perles en bois peintes à la main. Ouvrez bien les yeux, de petites merveilles, résultat d'un travail patient, se cachent sur les étagères.
A l'Attache, vous vous attacherez au lieu, avant de vous attachez aux artistes. Huit plasticiens et peintres exposent et travaillent sur place à l'année. Cachés au bout d'une impasse, 7 rue des capucins, leur atelier collectif s'étend sur deux niveaux, il vient d'être rénové. Les toiles parfois très grand format sont exposées au mur, les pots de peinture trainent par terre. Dans la cave, une exposition collective sur le thème de la religion, éclairée à la bougie réveillera peut être votre côté mystique. Au rez de chaussée, ne manquez pas tout au fond le travail très intéressant des deux jumeaux, Thomas et Gwel, leurs peintures figuratives n'ont pas fini de vous questionner. Un travail méticuleux et très expressif.
A l'étage, Jean Imhoff a pris ses quartiers. Sous la verrière, il peint inlassablement. Sur une toile, très grand format, un simple bonhomme dans un autobus, un coup de crayon, vous émerveillera par sa simplicité. Dans les tons de blancs cassés, sa pureté tranche avec les autres toiles, plus vives, aux sujets plus trash aussi.
Enfin, montez un peu que diable, vous êtes dans les Pentes ! Rue Burdeau, vos mollets tirent déjà, faites une halte à "l'atelier des ptits papiers". Audrey et ses acolytes ont mille choses à vous montrer et autant à vous dire. "Lilie papiers ciseaux" confectionne des appliques pour les chambres d'enfants et même pour les grands, cent détails qui vous racontent la nuit tombée une histoire, sans bouger. Vous retombez en enfance. Cindy Larrat, la dernière arrivée, mélange soie, coton et feutre pour créé des vêtements, mais chut ! C'est un secret que les Lyonnaises vont s'arracher, une caresse, un style, un savoir faire appris à Berlin. Tournez la tête, le travail d'Audrey vous séduit. Encore une lyonnaise branchée Japon, vous direz vous. Mais, regardez bien, Audrey parle Japon, Audrey respire Japon, Audrey plie des grues en papier toute la sainte journée, façon Origami. Il parait que sa porte bonheur. Ses boucles d'oreilles-grues sont magnifiques, tout en simplicité. Sans parler de ses carnets de bal, à porter autour du coup, avec une perle en céramique. Très XVIIIe siècle. Audrey est relieuse de formation. Tout est dit. Foncez-y, c'est déjà Noël !