Le programmateur de la halle Tony-Garnier* porte un regard critique sur l’évolution des festivals. Pour ceux gourmands en subventions publiques comme les Nuits de Fourvière, Thierry Teodori évoque une concurrence déloyale et parle d’argent public dévoyé. Entretien.
Thierry Teodori – halle Tony-Garnier, 2013 © Charlotte Mounard Lyon Capitale : Vous avez parfois eu la dent dure contre les Nuits de Fourvière, comme d’autres professionnels du monde des concerts. Depuis leur passage sous la coupe de la métropole**, avez-vous constaté une évolution positive ? Thierry Teodori : Le modèle économique des Nuits de Fourvière n’a pas changé. La question reste donc la même. Il y a aujourd’hui pléthore de festivals qui sont financés à grand renfort d’argent public. Je constate qu’ils impactent la programmation des salles. C’est un constat qui est partagé par les tourneurs. De plus en plus d’organisateurs de festival offrent des garanties importantes aux artistes. Ce phénomène est aggravé par un changement dans l’univers des festivals. Avant, chaque manifestation s’appuyait sur une programmation différente. Aujourd’hui, la plupart des festivals proposent le même plateau, mais dans un ordre différent. Nous assistons à la création de tournées estivales subventionnées, qui se substituent au fonctionnement classique du secteur des concerts où c’est le promoteur qui assume le risque économique. Dans des villes de taille moyenne, les salles de spectacles vont souffrir de l’émergence de ces tournées estivales. Un artiste préférera faire vingt dates l’été rémunérées à 100 que quarante concerts dans des petites salles rémunérées à 30. Je redoute que ce système dissuade des artistes de se produire dans des petites villes. Les programmations des salles pourraient être siphonnées à partir du printemps et jusqu’au début de l’automne.Il vous reste 77 % de l'article à lire.
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