Isabelle Lafon © Marie Clauzade

"Les Imprudents" au TNP : Marguerite Duras, une voix qui a traversé le temps

Second volet du cycle Marguerite Duras au TNP, Les Imprudents, mis en scène par Isabelle Lafon, réussit à redonner vie à l’auteure de L’Amant ou du Ravissement de Lol V. Stein à travers des retranscriptions de reportages réalisés par l’écrivaine.

Il y des voix qui ont traversé le temps. Réminiscences d’émissions de télé ou de radio, celle de Marguerite Duras nous semble encore familière.
Cette voix écorchée, un peu hésitante parfois véhémente, sorte de continuum de son écriture. "Sa voix, c’était la marque physique du lien qu’elle pouvait entretenir avec les gens" rappelait le réalisateur Benoît Jacquot qui avait été son assistant, notamment dans India Song (1975).

Pierre-félix Gravière et Johanna Korthals-Altes © Marie Clauzade

Ce lien avec les autres s’est traduit dans ses engagements politiques et son désir d’aller à la rencontre des gens ordinaires. Ainsi, parallèlement à son travail de romancière et de cinéaste, Marguerite Duras a mené de nombreux entretiens dans les années 60 avec des figures du quotidien – mineurs, bibliothécaires, lycéennes, strip-teaseuse - mais aussi avec les cercles intellectuels parisiens.


Des dialogues qui rendent compte d’une réalité sociale et politique


À partir des ces archives, Isabelle Lafon et les deux comédiens qui l’accompagnent sur scène – Johanna Korthals Altes et Pierre-Félix Gravière – en ont réinterprété des séquences, en les travaillant aussi de manière fictive pour tenter "d’inventer le vrai", en restituant cette époque avec des dialogues qui rendent compte d’une réalité sociale et politique. Les comédiens incarnent avec une grande tendresse l’écrivaine et les anonymes auxquels ils rendent hommage.

"Nous nous sommes dits en riant qu’à force de de parler des personnes qui ont été interviewées par Marguerite Duras, elle finirait par arriver, par apparaître" confie Isabelle Lafon.

C’est toute la force tranquille de ce très beau spectacle qui est d’une grande simplicité dans son dispositif - une table, des cahiers, quelques chaises et un piano - mais qui réussit tout doucement à rendre vivante cette immense figure de la littérature française.


Les Imprudents jusqu'au au 3 décembre au TNP (Villeurbanne).


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