La galerie Regard Sud invite le peintre lyonnais Kacem Noua avec des œuvres troublantes et en trompe-l’œil qui interrogent magnifiquement le geste pictural.
Après le travail allégorique de Johann Rivat, la galerie Regard Sud expose Kacem Noua avec de nouvelles œuvres abstraites qui ne manquent pas de subjuguer. Âgé de soixante-dix ans, exposé à l’international –
MacLyon, Beaubourg et New York où il vécut dans les années 80 –, il s’est très vite éloigné des notions de narration, de portrait ou de paysage, créant un univers singulier et sans sujet qui explore le geste de la peinture lui-même, questionne le rapport de l’artiste à la peinture mais aussi l’illusion de sa représentation, cherchant à décrire avant tout les différents états de la matière picturale.
À mi-chemin entre photographie, peinture et sculpture, sa technique est très particulière : il travaille d’abord la peinture avec une spatule jusqu’à obtenir des formes et des volumes qu’il reproduit sur une autre toile de manière très détaillée tout en l’agrandissant. Ici, il va plus loin, photographiant des traces de peinture déposées sur une plaque de verre, suivies d’esquisses dont il extrait un détail qu’il reproduit en grand format.
Des œuvres qui troublent notre perception
On se trouve ainsi devant des œuvres acryliques qui donnent l’impression d’être en relief et troublent notre perception – et donc l’identité de ce que l’on voit – à tel point que l’on a envie de les toucher. Les couleurs – bleu, jaune, orange, vert – se détachent du fond de la toile, libérées de leur support pour se répandre dans une construction visuelle très élaborée.
La peinture est en suspens, elle remplit l’espace de mouvements, de gouttes, de circonvolutions, se love dans des lieux où, liquéfiée, elle coule et s’abandonne. Les œuvres de Kacem Noua sont émouvantes parce que vivantes, organiques, créant des rythmes improbables.
Quant au titre de l’exposition, Travaux d’intérêt général, il résume tout : le refus d’enfermer la peinture dans une thématique pour laisser au visiteur la possibilité d’un questionnement sur son propre rapport à la peinture et de se créer un imaginaire non dicté par l’artiste, irrigué par des flux et des reflux d’une matière aux couleurs puissantes même lorsqu’il s’agit de blanc, de noir et de gris.
Travaux d’intérêt général - Kacem Noua – Jusqu’au 20 janvier à la galerie Regard Sud
J'adore ce genre d'article aussi abstrait que l'oeuvre qu'il présente 😉