La petite galerie Françoise-Besson accueille le peintre Numa Droz avec Co-existences, une exposition surprenante par le format des toiles et émouvante par sa poésie.
Pour ceux qui ne la connaissent pas encore, découvrir le peintre Numa Droz est l’occasion de découvrir en même temps la petite galerie de Françoise Besson (non loin de la grande), un écrin blanc conçu sur deux niveaux dans une atmosphère croix-roussienne.
Le peintre l’investit avec une belle exposition où il fait co-exister son amour pour une nature humble, sans présence humaine avec ses collines, ses vallons et ses arbres, et les vibrations d’un autre monde rempli d’une humanité fantasque, sombre et fragile. Peignant à l’huile sur de petits formats en bois qui sont cercle, carré ou rectangle, il expose ses toiles en les regroupant par séries d’univers et de formes, créant des scénographies différentes sur le mur dont la beauté jaillit en même temps que celle de la peinture.
L’artiste nous embarque dans les paysages qu’il aime comme ceux de la Bourgogne et de la Haute-Loire, révélant sa fascination pour les arrière-plans paysagers des œuvres des grands maîtres des XVIe et XVIIe siècles. Son approche est singulière car il peint des miniatures d’une précision incroyable, souvent avec une loupe, invitant le visiteur à se rapprocher de l’œuvre afin de créer un dialogue intime avec elle. Une intimité qu’il cherche dans cette nature, lieu de méditation ou d’apaisement, qu’il creuse aussi pour exprimer ses inquiétudes sur le rapport que l’homme entretient avec elle.
Des fragments de paysages et d’humanité
Les séries composées sont des instants poétiques, des haïkus, des fragments de paysages que l’on parcourt les uns après les autres, aspiré par le bleu d’un ciel grec, la transparence de l’eau, la blancheur de la roche, le vert flamboyant des prairies et des arbres.
L’œil est capté par ces instants photographiques fugaces sur lesquels on revient longuement pour s’emparer, avec saveur et étonnement, des détails les plus infimes. Le parcours nous mène à un coup de cœur, la série Orage avec ses mélanges sublimes d’ocre, de noir, de gris et de blanc, où parfois les rideaux de pluie rejoignent le ciel et où, malgré les petits formats, les rumeurs de la nature nous saisissent autant que lorsqu’elles émergent d’une grande toile.
L’autre espace consacre un travail que Numa Droz réalise à partir d’images qui l’ont marqué dans ses lectures de journaux papier, évoquant des figures humaines pour exprimer son regard sur le monde. Elles sont extravagantes, apocalyptiques, elles parlent de solitude, d’abandon, de révolte mais aussi d’amour (magnifique L’Odeur de ton cou), de sensualité (et peut-être de fusion avec la nature) dans le tableau La Cascade avec cet homme accroupi sous la cascade dont les contours du corps s’unissent aux éclaboussures de l’eau. D’autres belles toiles racontent des femmes. Certaines sont dans une attente indicible et infinie, d’autres affleurent l’invisibilité ou manifestent à visage découvert !
Co-existences - Numa Droz – Jusqu’au 2 novembre à la petite galerie Françoise-Besson (en résonance avec la Biennale d’art contemporain)