Les Stranglers ont 40 ans, mais les membres du groupe – du moins ceux qui répondent encore présent, Hugh Cornwell ayant déserté à mi-vie du groupe – un peu plus. Ils ressemblent désormais à de gros messieurs plus enclins à tâter du goujon sur une chaise pliante qu’à tester la capacité inflammatoire des scènes de musiques actuelles de quelque saillie rock tirée du Kamasutra punk de leur jeunesse.
Les Stranglers ont 40 ans et ça ne rajeunit personne. Pas plus le punk qui brandissait Rattus Norvegicus en 1977 que le branché qui chérissait Feline, ni que le gamin qui s’ébaubissait devant la beauté solaire de leur immense tube pop Always the Sun – un tube qui pourrait avoir vieilli mais en fait non, car on a vieilli avec.
Les Stranglers ont 40 ans et ils auraient pu sombrer dans l’oubli. Mais le groupe mené par le Français Jean-Jacques Burnel – un Français dans l’un des meilleurs groupes anglais de son époque, quelle gloire c’était pour les amateurs de musique, vingt ans avant la French Touch – a survécu au pire : le tournant pop, les dissensions, les défections, la maladie et le manque d’inspiration.
Les Stranglers ont 40 ans et ils ont décidé de célébrer cela en tournée. Il n’est pourtant pas naturel d’avoir 40 ans quand on est un groupe de rock – cet univers où à 20 ans on préfère mourir que vieillir avant de, bizarrement, changer d’avis, ce qui est humain.
Les Stranglers ont 40 ans et ils ne sont pas en crise, ils ont depuis longtemps dépassé tout cela. Quoi qu’on pense de leurs disques d’aujourd’hui – on ne va pas se mentir, on écoute les anciens –, on a quand même envie de les remercier pour tout et de fêter ça avec eux.