Peu connue jusque-là, malgré un recueil de poèmes écrit à quatre mains avec Martin Desinde, 18 Brum’Hair, sorti en 2023, et un premier roman, Tabor, paru aux éditions du Sabot en 2021, Phœbe Hadjimarkos Clarke, traductrice établie à Lyon, a obtenu de nombreux papiers élogieux dans la presse nationale pour son deuxième opus, Aliène.
Le Monde, Libération, Les Inrockuptibles, Télérama ont rivalisé d’éloges. Il faut dire qu’Aliène n’est pas seulement un excellent livre, c’est aussi un roman singulier qui embarque le lecteur dans un imaginaire à la fois étrange et futuriste, hyperréaliste et délirant. Et qui, une fois le livre refermé, continue de le hanter. Si nous osions risquer une comparaison, nous dirions qu’il s’agit des Chants de Maldoror d’aujourd’hui. Ni plus ni moins.
On suit les (més)aventures de Fauvel, une jeune fille au caractère bien trempé et à l’œil unique, puisque le deuxième lui a été retiré par un tir de LBD lors d’une manif de Gilets jaunes. Elle accepte de garder la chienne du père d’une de ses amies dans une maison isolée, au cœur d’une campagne sombre et angoissante. Mais Hannah n’est pas une chienne comme les autres, c’est le clone d’une première Hannah qui trône, empaillée, au milieu du salon. L’animal n’est pas sans rappeler le chien cloné, Fox, héros canin du roman de Michel Houellebecq, La Possibilité d’une île.
À ceci près qu’elle semble avoir des pouvoirs maléfiques et d’irrépressibles instincts de meurtre en présence d’autres animaux. On ne sait d’ailleurs si c’est Fauvel qui suit Hannah ou l’inverse mais cet étrange duo va nous entraîner dans une succession d’improbables péripéties.
Le livre est porté par l’envoûtante écriture de Phœbe Hadjimarkos Clarke, capable de sonder en profondeur les méandres psychologiques des personnages aussi bien que de décrire leurs faits et gestes. Sans oublier de dépeindre l’étrangeté inquiétante des paysages qui les entourent. Décidément un roman exceptionnel.
Aliène – Phœbe Hadjimarkos Clarke, Éditions du sous-sol, 288 p., 19,50 €.