Littérature : "Prisonnier du rêve écarlate", un grand roman franco-russe

Avec Prisonnier du rêve écarlate, Andreï Makine signe une fresque qui traverse un demi-siècle d’histoire de l’Union soviétique et de la France.

En 1995, Andreï Makine, écrivain né en Russie en 1957, avait obtenu pour son roman – auto-fictif – Le Testament français une triple distinction : les prix Goncourt, Goncourt des lycéens et Médicis. De surcroît, cela l’avait grandement aidé pour obtenir la nationalité française en 1996. Il ne renouvellera pas cet exploit, trente ans plus tard, en 2025. N’empêche, avec son nouveau roman, Prisonnier du rêve écarlate, il signe une œuvre d’une ampleur comparable et tout aussi prenante.

C’est une fresque qui traverse un demi-siècle d’histoire de l’Union soviétique et de la France. Il nous colle aux basques d’un jeune ouvrier français, Lucien Baert, entièrement acquis au “rêve écarlate”, au communisme révolutionnaire mis en place en Russie dans les années 30. À tel point qu’en 1939, il y fait une manière de pèlerinage pour découvrir sur place ce qu’il croit être un paradis égalitaire.

Infernal coup du sort, lors d’une visite d’usine avec la délégation dont il fait partie, son train part sans lui ; il se retrouve seul, arrêté, pris pour un espion, direction le goulag… Seule façon d’échapper à pire encore, il accepte de faire la guerre dans l’armée russe, aux avant-postes, là où les chances de survie sont voisines de zéro. Il s’en sort par miracle et surtout en usurpant l’identité d’un soldat tué.

Son chemin de croix ne s’arrêtera pas là. Mais il nous est impossible de résumer les incroyables péripéties qu’affronte le héros makinien, il y en a trop. Disons juste qu’il connaîtra quand même une brève période de bonheur avec la femme qu’il a sauvée du viol. Et qu’il retournera dans une France qu’il ne reconnaîtra plus, celle de la fin des années 60, des années 70 et du début des années 80. Avant de revenir dans une Russie en pleine mutation. Non seulement Makine nous prend dans les rets d’un récit magistralement mené mais il nous amène à réfléchir sur des thèmes comme l’exil, l’identité, l’amour, la politique, la petite et la grande histoire.

Prisonnier du rêve écarlate – Andreï Makine, éditions Grasset, 416 p., 23 €.

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