L'auteure lyonnaise, Virginie Ollagnier, livre un portrait tout en finesse de Robert Oppenheimer, père de la la bombe atomique.
Olivier Jouvray, le scénariste des Lincoln, n’en prendra certainement pas ombrage. Mais il semble bien que ce qui a mené sa compagne Virginie Ollagnier (autrice du captivant Toutes ces vies qu’on abandonne, paru en 2007) à s’intéresser à Robert Oppenheimer relève bien d’une sorte de fascination amoureuse.
Dans son dernier livre, Ils ont tué Oppenheimer, elle fait en tout cas du mathématicien un vrai personnage de roman, fascinant par sa beauté, son intelligence, sa liberté d’esprit et sa singularité. Des caractéristiques qui sont d’ailleurs avérées mais qui donnent au savant une tout autre couleur que celle, un peu grise, que l’on pouvait avoir.
Séducteur, philosophe et poète
Tout l’intérêt de l’ouvrage est d’ailleurs là, renouveler le regard que l’on portait sur l’homme qui dirigea le centre de recherches de Los Alamos où fut conçue, à partir de 1942, la bombe atomique.
En donnant la parole à quelques-uns de ses plus proches amis, elle affine le portrait d’un séducteur, philosophe et poète aussi bien que spécialiste de l’atome. Et tout en suivant sa trajectoire, professionnelle aussi bien qu’intime, on prend conscience du contexte, de l’atmosphère qui l’entourait… plutôt compliquée puisque même si le talent et l’intelligence de Robert Oppenheimer faisaient l’unanimité, il n’en allait pas de même de ses idées, de son parcours intellectuel.
Sans être, ni n’avoir jamais été, communiste, il avait financé les Brigades internationales et était pour un partage plus étendu des connaissances scientifiques avec les alliés des États-Unis. Bref, il s’était fait de puissants ennemis au sein du complexe militaro-industriel américain. Virginie Ollagnier rend palpable l’atmosphère trouble de la Guerre froide tout en redonnant à “Oppie” toute sa force de séduction.
Ils ont tué Oppenheimer – Virginie Ollagnier, éditions Anne Carrière, 352 p., 20,9 €.