Résumer ce festival à de simples rétrospectives serait injuste. Pourtant c’est ce dont il a été question toute la semaine. Mais n’est-ce pas ce que propose déjà l’Institut Lumière (8e) tout au long de l’année ? Un grand budget a été consacré à un festival dont l’originalité ne tient qu’à son extension géographique - les films ont été diffusés dans plusieurs cinémas du Grand Lyon - et à la présence de quelques célébrités pour insuffler un peu de « strass et paillettes » à l’événement. « Non ce n’est pas un festival anti-Cannes », a déclaré Thierry Frémaux le directeur de l’Institut Lumière, à France Inter. Ouf ! Mais alors quels ont été les enjeux d’une telle manifestation ? Selon M. Frémaux, il s’agissait de diffuser des films « classiques » - surtout ne jamais dire « vieux films » en sa présence – que les plus jeunes n’ont pas eu la chance de découvrir au cinéma. Selon Bertrand Tavernier, président de l’Institut, ce festival a prouvé que « les films classiques ne sont pas morts ni n’appartiennent au passé ». Pour Clint Eastwood, au-delà d’une distraction, ce « very nice » festival a été une formation pour tous. Lui-même a avoué être toujours en quête de savoir. Gérard Collomb, président du Grand Lyon, n’a pu qu’aimer ce festival puisque les retombées médiatiques - radio, télé, presse écrite - ont élevé l’agglomération dont il est président au niveau de capitale du cinéma le temps d’une semaine. Pour Laurent Gerra… ce festival a été une raison comme une autre pour retrouver sa région d’origine.
Trois invités surprise
Mardi 13 octobre, à la Halle Tony Garnier, Thierry Frémaux frétillait avec sa longue liste d’invités. Tous sont passés au village de jour, installé à l’Institut Lumière pour signer des autographes, pour être interviewés, pour dédicacer un livre ou un DVD, pour être vus… et une fois cette obligation accomplie, ceux qui n’avaient aucun film à présenter durant la semaine, en ont profité pour s’enfuir. Emir Kusturica, Agnès Varda, Marjane Satrapi, les frères Dardenne, Jean-Michel Jarre et Kyle Eastwood - le fils - ont fait une apparition dans le village de nuit, sur la péniche La Plateforme. Mention spéciale pour le plus assidu des invités, Laurent Gerra. Présent tous les soirs sur la péniche, il a même accompagné Gérard Collomb lors de son déplacement au Confluent. A noter la présence de célébrités qui n’étaient pas invitées dans le cadre du festival : Alexandre Astier a participé à la cérémonie d’ouverture le 13 octobre. Jean Rochefort a assisté à la cérémonie de remise de prix samedi 17 octobre au centre de Congrès. Jean Dujardin, en pleine promotion pour son film Lucky Luke, est venu avec son équipe mercredi 14 octobre sur la péniche, ainsi que Jean-Baptiste Maunier, acteur révélé par le film Les Choristes.
48h chrono pour l’invité d’honneur
Clint Eastwood, est arrivé vendredi 16 octobre, à temps pour présenter un film diffusé à l’Institut et donner le coup d’envoi de la défaite 2 à 0 de Lyon contre Sochaux. Il n’a pas vraiment porté chance à l’OL. Puis samedi soir, l’invité d’honneur est venu recevoir son prix, sous un tonnerre d’applaudissements, des mains de l’actrice Cécile de France qui joue dans son prochain film, « Hereafter », dont certaines scènes sont tournées dans la région. En cadeau, Clint a montré quelques minutes de son dernier film « Invictus ». Il semblait détendu, rien de plus normal puisqu’il s’est senti « comme à la maison » dans cette ville dont il est « tombé amoureux ». De même, pour la cérémonie de clôture du dimanche 18 octobre, à la Halle Tony Garnier, où il a affiché un air détendu dans son blouson et son t-shirt blanc. Comme à la maison donc. Recompensé pour l’ensemble de son travail et sa fidélité à l’histoire du cinéma, il a préféré s’éclipser avant le début de la projection de ses films – Sur la route de Madison, samedi soir et « Le Bon, la brute et le truand » de Sergio Leone, dimanche.
Les couacs
De l’avis de quelques spectateurs interrogés, le festival est « une réussite ». Bertrand Tavernier et Gérard Collomb ont gagné leur pari de faire redécouvrir des films que l’on ne projette plus. Pourtant, vu de l’intérieur, les organisateurs ne cachent pas que l’improvisation a été de mise. Chaque jour un lot d’inattendus est venu perturber le bon déroulement. Mercredi, le cinéma CNP Terreaux a annoncé une grève qui a empêché la diffusion de trois séances. Jeudi, le standard de la billetterie est saturé par les nombreux appels pour réserver des places. Vendredi, France Inter s’est installé pour la journée à l’Institut, Marjane Satrapi a été malade et n’a pas pu participer à la séance de dédicace. Dans l’après-midi, il a été impossible de savoir si elle présenterait L’inspecteur Harry le soir-même. Quant au week-end, pour résumer, Clint à Lyon, c’est beaucoup de boulot. Mais cela n’a pas perturbé l’emploi du temps de Laurent Gerra, présent à toutes les cérémonies. Gérard Collomb n’a pas caché son désir de renouveler l’expérience l’année prochaine. Juste à temps pour glisser le projet dans le budget 2010 du Grand Lyon qui sera voté prochainement.
David Lopes
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