Lyon fut d'ailleurs la première à le faire. La capitale européenne de la culture 2013 sera proclamée avant la fin de l'année prochaine. La première étape de désignation est franchie. Le jury, composé de 13 experts* va pré-sélectionner les villes (parmi Bordeaux, Toulouse, Marseille, Nice, Strasbourg, Saint-Etienne et Lyon), qui poursuivront la compétition.
Devenir Capitale européenne de la culture est un label prestigieux aux effets importants. Lille l'a prouvé en 2004. Laurent Dréano, qui coordonnait alors l'opération, rappelle qu'elle a boosté le dynamisme et le développement de la ville. "Nous avons gagné quinze ans de notoriété" estime-t-il, rappelant qu'elle fut "bénéficiaire de 2 millions d'euros", a draîné des retombées médiatiques incroyables et mobilisé les habitants, particulièrement les acteurs économiques qui financent massivement, depuis, les événements culturels lillois.
Méthode lyonnaise
Autant dire que la compétition est acharnée entre les 7 prétendantes, avec des stratégies différentes. Saint-Etienne et Toulouse ont misé sur la mobilisation populaire pour soutenir leur candidature. Nice s'est assurée un comité de soutien hyper people, présidé par l'architecte Jean Nouvel (qui a conçu l'Opéra de Lyon) et Bernard Faivre d'Arcier (président des Biennales de Lyon). Strasbourg s'affiche moteur de l'Est-européen et Marseille, de l'espace méditerranéen.
Face à cela, Lyon l'a joué... à la lyonnaise : discrète, travailleuse et pugnace. Depuis plusieurs mois, des dizaines de déplacements ont été organisées pour assurer le lobbying en France et en Europe, des dizaines de réunions de réflexion et de collecte d'idées ont été montées sur l'agglomération. Une méthode, pas très sexy, qui a peu enthousiasmé la population, non plus la presse, et laissé pantois nombre de responsables culturels. Une tactique revendiquée par Patrice Béghain, patron de la candidature locale : "La première phase était technique. Il fallait monter un dossier sérieux répondant à une batterie de questions sur la validité de notre candidature". Ou par Anne Grumet, responsable du pilotage : "C'est une compétition. Il ne fallait pas dévoiler nos idées et nos intentions aux concurrents".
Projet utopique
De fait, il est impossible de savoir à quoi ressemblerait Lyon si elle était désignée comme capitale culturelle de l'Europe. Quels événements ? Quelles grandes expositions ? Quels artistes ? Quelles manifestations festives et populaires ? Le secret est aussi bien gardé qu'une quenelle précieuse. Tout au plus pressent-on que le projet a été pensé comme une refondation de l'identité de la ville et de son développement. Une nouvelle étape dans ce qu'a initié l'équipe municipale de Collomb avec le Confluent ou les Berges du Rhône, par exemple. Un projet qui ressemble à un nouveau plan de mandat. Ce qui expliquerait aussi la discrétion en ces temps de campagne électorale. Anne Grumet le confirme : "Il ne s'agit pas de construire une super Fête des lumières, mais d'inventer un projet collectif, dans une dynamique durable, utopique et militante". Même credo chez Vincent Carry, conseiller artistique pour la candidature et directeur des Nuits sonores : "On voit les limites psychanalytiques de Lyon. Ce sera un chantier énorme : creuser, réfléchir et repenser l'agglomération dans toutes ses dimensions culturelles, mais aussi sociales, économiques, urbaines". Le maire de Lyon en est tout autant convaincu. Pour lui, Lyon 2013 permettra "d'inventer un art de vivre ensemble dans la ville du XXIe siècle" et fera de l'aire métropolitaine "le laboratoire
culturel de l'Europe de demain". Si le siècle présent est loin d'être spirituel, à tout le moins Gérard Collomb l'est-il devenu.
*7 membres des institutions européennes et 6 nommés par la France.
Le slogan
La "clé conceptuelle" du projet s'énonce sous l'idée de "Lyon 2013, terre de confluences", "brassage effervescent d'idées, de rencontres, d'échanges et d'expérimentations" permettant à l'agglomération "d'inscrire conjointement son développement et ses métamorphoses urbaines dans la continuité historique et l'ouverture à la modernité". En résumé : rêver et réinventer la ville et y faire converger le monde. Le slogan en serait l'incarnation : "My city, your playground !" (ma ville, votre terrain de jeu !). Ah bon ?
Le logo
Il est signé de Ruedi Baur, designer suisse qui a réalisé, entre autre, l'identité visuelle du Centre Pompidou à Paris et celle de la Cité internationale de Lyon. Chic et élégant, il "mise sur une déstructuration et une recomposition ludique et changeante du territoire européen". A vrai dire, un peu compliqué à l'image du projet lyonnais.
Les sites des villes candidates
www.lyon2013.eu
www.saint-etienne2013.eu
www.bordeaux2013.fr
www.marseille-provence2013.fr
www.nicecotedazur2013.eu
www.strasbourg-2013.eu
www.toulouse2013.eu
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