Pour sa 14e édition, le festival lyonnais de bande dessinée a invité ses cousins d’Amérique. Les Franco-Belges les attendent de pied ferme. Ambiance Tintin et les zombies cette semaine dans la capitale des Gaules. Sélection de cases à cocher dans votre agenda.
À l’adolescence, on rêve souvent de partir. Loin. Lyon BD, treize ans cette année, habitué à traverser l’Atlantique pour échanger avec les cousins du Québec, a visé le Pacifique. Et ramené de Californie des pointures : Bill Morrison, Charlie Adlard, les McGarry père et fils… Mais la vieille Europe n’est pas en reste de crayons affutés. Que l’on pourra croiser au palais du Commerce, réinvesti pour cette 14e édition, à l’hôtel de ville*, mais aussi dans les musées (Chloé Cruchaudet à Gadagne, notamment), et les médiathèques et les centres culturels du Grand Lyon (Étienne Davodeau à Francheville, Berberian à Écully). Même si beaucoup d’animations, de rencontres, voire d’expos, sont rassemblées sur le week-end des 8 et 9 juin, certains lieux ont déjà ouvert leurs portes et/ou ne les refermeront qu’en septembre. Inauguration officielle – et publique – vendredi 7 au Transbordeur, en musique et bien sûr en dessin. Vous y trouverez Le Bouchon déchaîné, le journal gratuit que Lyon Capitale, partenaire du festival, prépare avec les auteurs invités… et sans doute quelques zombies.
* Attention : samedi, sécurité renforcée – l’accès à l’hôtel de ville se fera sur présentation d’une pièce d’identité et du billet d’entrée en plus du bracelet.
LYON BD 2019 – LES IMMANQUABLES
Les Rencontres du dessin de presse (table ronde ce jeudi !)
C’était sans doute un manque de Lyon BD, qui n’avait jusqu’à présent jamais fait une grande place au dessin de presse dans sa programmation. Un manque que les Rencontres du dessin de presse, nées l’an dernier dans le cadre des événements “off” du festival, sont en train de combler en attirant à Lyon les plus grands talents du genre. Lyon Capitale en est devenu assez naturellement partenaire et anime une rencontre au théâtre de la Croix-Rousse en présence, notamment, de Chloé Verlhac, veuve du dessinateur de Charlie Hebdo Tignous et marraine des États généraux du dessin de presse.
Luz – Exposition du 3 au 28 juin à l’espace Paul-Ricard (20 place Louis-Pradel)
Camille Besse – Exposition du 3 au 28 juin à la galerie Françoise Besson (10 rue de Crimée)
Le changement climatique vu par les dessinateurs de presse – Exposition du 3 au 28 juin à la mairie du 4e
Le dessin de presse dans un quotidien ou magazine d’actualité – Table ronde jeudi 6 juin à 18h au théâtre de la Croix-Rousse
Marc-Antoine Mathieu au parking
Auteur de véritables chefs-d’œuvre de la BD (L’Origine, Le Processus, Dieu en personne…), Marc-Antoine Mathieu a accepté sans un moment d’hésitation de relever le défi d’une création originale… dans un parking. On n’en sait pour l’instant pas beaucoup plus sur l’usage qu’il a fait de cette carte blanche, si ce n’est qu’on y retrouve naturellement son esthétique, sa poésie et son humour.
Le sel et le ciel – Exposition du 8 juin au 29 septembre au parking LPA de la Fosse-aux-Ours
Bill Morrison ouvre ses cartons (déjà OUVERT)
Cofondateur avec Matt Groening de Bongo Comics, pour lesquels il a notamment réalisé les adaptations en comics des Simpson et de Futurama, Bill Morrison signe la une du Bouchon déchaîné, le journal officiel du festival, dessiné par les auteurs présents à la soirée inaugurale et réalisé dans la nuit par l’équipe de Lyon Capitale. Bill Morrison a aussi travaillé pour les studios Disney et apporte dans ses cartons une sélection de ses travaux.
Des Simpson à La Petite Sirène – Exposition du 1er au 30 juin à la Comédie-Odéon
Inauguration – La fête avec des zombies
Le Britannique Charlie Adlard et ses zombies sont décidément à l’honneur de cette 13e édition, avec la consécration institutionnelle d’une exposition au musée d’Art contemporain pour l’auteur de la série mondialement populaire The Walking Dead, mais aussi un concert dessiné en duo avec le musicien lyonnais Julien Limonne (rodé en Californie au NCS Fest), clou de la soirée inaugurale du festival, au Transbordeur. Ouverte au grand public pour la première fois, cette “party” promet de réunir sur scène quelques grands noms de la BD contemporaine comme Edmond Baudoin, Alfred, Boulet, Cy., la Chilienne Sol Diaz, l’Américain Luke McGarry ou encore l’Allemand Reinhard Kleist. Le tout mis en musique par le DJ lyonnais Oster Lapwass.
Lyon BD Festival Party – Vendredi 7 juin à partir de 20h au Transbordeur
Les nouvelles héroïnes de la BD jeunesse
En 2013, l’exposition “Héro(ïne)s” avait mis en lumière le manque de personnages féminins qui ne soient pas de simple faire-valoir dans la bande dessinée. Cette exposition “signature” de Lyon BD a depuis tourné dans différents festivals et suscité de nombreux débats. Six ans plus tard, Sandrine Deloffre a eu envie de montrer que la BD jeunesse s’était largement mise à jour, passant du “syndrome de la Schtroumpfette” à pléthore de nouvelles séries où les petites filles jouent les premiers rôles. Cette nouvelle exposition présente une dizaine de jeunes héroïnes “indépendantes, guerrières et courageuses, humaines, [qui] mènent l’enquête, défendent, se battent et se relèvent”.
Badass – Exposition samedi 8 et dimanche 9 juin à l’hôtel de ville
La BD francophone européenne, de l’âge d’or à la création foisonnante d’aujourd’hui
Et si la période actuelle correspondait au véritable âge d’or de la BD européenne ? Le scénariste JC Deveney a sillonné la Belgique, la Suisse et la France sur les traces des maîtres qui ont inventé le style “franco-belge”, mais aussi et surtout cherché leur héritage, la profusion des talents inspirés par leur travail précurseur et la modernité de celui des auteurs contemporains. L’auteure des Carnets de Cerise, Aurélie Neyret, l’a accompagné et présente notamment un hommage au travail de son “idole”, Frank Pé.
Plan à 3 (Belgique, France, Suisse) – Exposition samedi 8 et dimanche 9 juin au palais de la Bourse et du 18 juillet au 18 août à l’hôtel de région
Danse dessinée avec Catherine Meurisse
Il faut croire que Catherine Meurisse a su retrouver un peu de la légèreté perdue lors de l’attentat à Charlie Hebdo, dont elle avait témoigné en 2016 dans un superbe album (La Légèreté, Dargaud). Suffisamment en tout cas pour avoir créé avec la chorégraphe DD Dorvillier un spectacle de danse dessinée intense et poétique.