Le festival annuel de BD bat son plein ce week-end à Lyon. Jeudi soir, les auteurs invités se sont réunis dans un bouchon de la Croix-Rousse. Entre deux assiettes et quelques bières, ils ont sorti leurs crayons. Thème de la soirée : le réel… Reportage, avec de vrais dessins.
Qu’est-ce que Le Bouchon déchaîné ? Avant tout une histoire de rencontres entre l’équipe du festival, les auteurs et un mensuel qui aime la BD, Lyon Capitale. L’équipe de Mathieu Diez, le directeur du festival, a pris l’habitude d’inviter les auteurs présents la veille du festival à dîner dans un bouchon de la Croix-Rousse, Les 7 Péchés du Plateau. Et chaque année, l’entrée à peine entamée, les auteurs sortent leurs cahiers à dessins et se lancent des défis. Peu de disciplines artistiques permettent ainsi aux auteurs de confronter leur art en direct, comme des musiciens aiment à se regrouper pour faire un “bœuf”. Et puis, un jour, avec Lewis Trondheim, est venue l’idée d’en faire un journal. C’est Brigitte Findakly qui en a trouvé le nom, Le Bouchon déchaîné. Pour cette 3e édition, on n’a pas changé grand-chose au concept. Un auteur vedette pour faire la couverture et un grand entretien. Un article de fond. Et les dessins réalisés dans la soirée, corrigés et scannés par l’équipe de Lyon Capitale pendant que les plats défilent. Le journal est maquetté dans la nuit pour être envoyé à l’imprimeur au petit matin et distribué gratuitement le jour même à l’inauguration du festival.
Après Lewis Trondheim et Obion, c’est Lisa Mandel qui signe la couverture cette année. Avec elle, le sujet s’imposait : la BD du réel. Pour Lyon Capitale, c’est une thématique des plus naturelle – il y a dix ans, en même temps que la revue XXI, dont les BD-reportages sont devenus une référence du genre, nous avons intégré systématiquement une histoire inédite en sept planches à la fin du mensuel, avec la conviction que la BD pouvait permettre de nouvelles formes de travaux journalistiques. Le genre est aujourd’hui en pleine explosion – un simple “rattrapage”, estime Lisa Mandel, pour un média au potentiel longtemps sous-estimé.
Pour la troisième année consécutive, la magie a opéré. Les auteurs se sont lancé des défis, ont trouvé l’inspiration, beaucoup autour de cette thématique de la BD du réel. Ça parlait italien, allemand, anglais, espagnol… Parfois de manière approximative, mais suffisamment pour que Scott McCloud raconte sa rencontre avec son idole Moebius. “Je lui ai dit : “Votre travail a changé ma vie.” Il m’a répondu qu’il était désolé pour moi !” Chacun racontait les rencontres, concerts, expositions auxquels il allait participer durant le week-end, s’interrogeant sur les surprises réservées par l’équipe particulièrement créative du festival. En les quittant pour aller “monter” ce journal, on s’est dit qu’une fois de plus ce festival Lyon BD serait un grand moment à vivre.