Spectacle de Mathieu Frey et Fred Demoor à partir des Carnets de Cerise à l’Opéra de Lyon pour le Lyon BD Festival 2018 – © Romane Guigue

Lyon BD : quand les carnets de Cerise prennent vie à l’Opéra

Depuis cinq tomes, Aurélie Neyret et Joris Chamblain travaillent main dans la main pour proposer les aventures de la petite Cerise, onze ans. Elle rêve de devenir romancière, et adore enquêter sur les gens qu’elle croise. Dans un spectacle mis en scène par Mathieu Frey et Fred Demoor, les histoires des auteurs prennent vie à l’opéra à l’occasion de Lyon BD.

Dans la salle, on se presse pour être au plus près de la petite scène de l’opéra de Lyon. Les enfants tirent sur les bras de leurs parents pour s’asseoir au premier rang. Les plus jeunes s’enthousiasment à l’idée de voir leur héroïne préférée sur grand écran. Aurélie Neyret, dessinatrice des cinq tomes des Carnets de Cerise, s’assied dans le public, face à une petite table. Devant elle, une feuille, quelques crayons et une caméra, qui projettera ses dessins sur l’écran déroulé en fond de scène. Les lumières s’éteignent, les premières images défilent, le spectacle commence.

Les comédiens entrent en scène. Une jeune femme jouera le rôle de Cerise. Elle récite quelques notes du carnet de la petite fille de 11 ans, tandis qu’un musicien s’affaire à la guitare. Ils s’animent avec les images qui défilent. Extraits des Carnets et création inédite, le spectacle d’une heure transporte en musique et en images. Durant quelques minutes, on aperçoit même la dessinatrice donner vie à deux ours polaires sur un mur blanc. Intégré aux décors du spectacle, la performance prend de multiples dimensions : on ne s’ennuie pas.

Un spectacle pour petits et grands

On suit les aventures de Cerise, qui poursuit d’abord l’“homme-mystère”, un vieillard couvert de peinture qui traverse la forêt. Elle enquête sur ce mystérieux passager avant de s’intéresser à elle-même. Sur scène, l’intensité monte, les couleurs changent, la musique se fait plus profonde et l’atmosphère s’alourdit. Du haut de ses onze ans, Cerise, qui entretient une relation parfois houleuse avec sa maman, se rend compte qu’elle va devoir poser des questions si elle veut comprendre qui elle est.

Bien loin du spectacle pour enfants naïf, les réalisateurs Mathieu Frey et Fred Demoor proposent une performance touchante et sincère, qui séduit les petits et émeut les plus grands. Les dessins d’Aurélie Neyret et le scénario de Joris Chamblain prennent vie d’une manière nouvelle, offrant aux spectateurs une immersion inédite dans l’univers de Cerise. Au-delà du voyage, c’est aussi une invitation à l’introspection. Cerise, qui a tant de mal à s’ouvrir, va devoir discuter avec sa maman si elle veut parvenir à se sentir mieux. On apprend que son père est décédé quand elle n’était qu’une enfant. La tristesse, la colère, mais aussi l’incompréhension face aux souvenirs de Cerise qui ont disparu. La comédienne devient alors la mère de Cerise, puis redevient la petite fille, sans artifices et avec pour seul accessoire un violoncelle.

Entre bande dessinée pour enfants et performance artistique, les réalisateurs se fraient un chemin délicat, qui incite à la réflexion et permet aux plus jeunes de comprendre ce qu’est le deuil. Une franche réussite.

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