À l’occasion de l’exposition aux archives municipales, nous vous proposons de redécouvrir les projets de l’architecte lyonnais qui n’ont pas dépassé le stade du plan, comme sa Cité industrielle, ou été déformés par rapport à sa vision, comme le quartier des États-Unis. Inventaire illustré.
La vraie cité des États-Unis
La cité des États-Unis que nous connaissons est quelque peu éloignée des ambitions originelles de Tony Garnier. En 1919, il imaginait “un quartier d’habitation hygiénique” de 28 immeubles, projet accepté par la ville en 1921. Le chantier débute, mais la mairie lui demande d’ajouter deux étages aux trois prévus, pour arriver à cinq, ce que l’architecte est obligé d’accepter. En 1929, on lui demande en outre de densifier et de diminuer le nombre de pièces des logements. Il accepte encore. Il est ensuite contraint à abandonner les bains-douches publics et le groupe scolaire prévus. Le quartier est inauguré en 1935.
Les habitations ouvrières
Né à la Croix-Rousse, Tony Garnier n’a cessé de multiplier les projets qui pourraient améliorer les conditions d’habitation des ouvriers. Le quartier industriel du tissage qu’il dessine en 1908 est composé de petites maisons mitoyennes et d’immeubles à deux étages, à côté d’usines mais aussi d’écoles, de coopératives et d’un musée des tissus.
L’école d’art
En 1914, Tony Garnier imagine une “école d’enseignement théorique et pratique des arts” qui prendrait place à la Croix-Rousse, cours des Chartreux. Une Villa Médicis lyonnaise où l’ensemble des matières enseignées seraient inscrites sur la façade : “Architecture, peinture, sculpture, ameublement, tapisserie, poterie, céramique, verrerie, vitraux, imprimerie, livre, gravure, lithographie, publicité, vannerie, bois, eau-forte, art du métal, du bois, tissage, broderie, orfèvrerie”. La ville donne son feu vert en 1926, à condition que l’architecte travaille avec son ancien élève Michel Roux-Spitz. En conflit avec celui-ci, Tony Garnier refuse catégoriquement et tue le projet.
Le monument aux morts de 14-18 à la Croix-Rousse
Après la Première Guerre mondiale, Tony Garnier multiplie les projets de monuments aux morts. Parmi ses nombreuses initiatives, ce projet inspiré de l’Antiquité qui doit s’inscrire dans le prolongement de la rue de la République sur la colline de la Croix-Rousse. La ville accepte l’idée, mais son prix est jugé trop élevé. Elle opte donc pour un autre projet présenté par l’architecte, qui doit être construit sur l’île aux Cygnes au parc de la Tête-d’Or. C’est celui que nous connaissons aujourd’hui.
Les maisons
Dès 1904, Tony Garnier dessine un projet de six maisons à côté du parc de la Tête-d’Or. On peut y voir des tourelles à l’inspiration très italienne (l’architecte revient juste de sa résidence à la Villa Médicis). Il parviendra à réaliser trois villas, mais d’un autre genre, plus classique, et à Vaise : une pour lui, une pour son épouse et une pour “une très bonne amie”, Mlle Bachelard.
La Cité industrielle
Pendant près de vingt ans, Tony Garnier travailla sur un projet utopique de “cité industrielle”, une nouvelle approche de l’urbanisme, avec plusieurs zones : d’habitation, administrative, universitaire, hospitalière et industrielle (les usines sont isolées et localisées de telle façon que la pollution ne revienne pas vers les habitations).
L’architecte imagine sa cité idéale au bord d’un fleuve. Il s’est inspiré des terres au sud de Lyon, qui accueillent Rive-de-Gier, Givors ou encore Saint-Chamond, pour élaborer son projet. La ville doit être capable d’accueillir 35 000 habitants, avec une centrale hydroélectrique pour l’alimenter. Son plan fait la part belle à la végétalisation, près d’un siècle avant que celle-ci ne devienne un argument électoral…
Les hauts-fourneaux
Dans sa Cité industrielle, Tony Garnier imagine des hauts-fourneaux dont la pollution ne reviendrait pas sur les habitations. Au fond, on peut voir le barrage censé fournir de l’énergie à 35 000 habitants et à l’industrie.
Les usines
Au confluent d’un fleuve et d’un torrent, la Cité industrielle est construite autour de ses cours d’eau, y compris pour les usines.
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À voir : l’exposition Le maire et l’architecte –jusqu’au 21 mars aux archives municipales (Lyon 2e/Perrache)
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À lire, consulter, admirer : Tony Garnier / Une cité industrielle – 29 €, en vente à la librairie Archipel, 21 place des Terreaux, Lyon 1er
Excellent remarque du début de l'article :
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Si les HLM sont des habitations concentrationnaires, c'est pour des raisons de fric, et c'est décidé par les maires de l'époque. (rajouter des étages et réduire la taille des appartements)
Et on continue d'en payer le prix (le prix humain et sociétal).
N'oublions pas que le but du système du fric, n'est pas de "faire au mieux" mais de s'autodéfendre :
il est hors de questions d'accorder "aux pauvres" des habitats aussi dignes que pour ceux qui "payent plus cher".
Avec un équation pareille, essayez de faire une société sereine...
Ha ha.