Du 15 au 21 octobre, la Maison de la danse se met à l’heure numérique pour nous faire découvrir ce que les nouvelles technologies apportent à la danse et… au public !
Réalité virtuelle, réalité augmentée, motion capture, intelligence artificielle…, les technologies nouvelles envahissent nos vies, et les arts s’en emparent pour innover et toucher un plus large public. Durant une semaine, la Maison de la danse propose des spectacles qui les intègrent et invite les Lyonnais à faire des expériences en direct avec tablettes, smartphones et casques VR (de réalité virtuelle). Cet événement démarre avec Acqua Alta d’Adrien M & Claire B qui ont inventé un parcours poético-numérique dans l’imaginaire de l’eau, spectacle accompagné d’un livre pop-up à lire en réalité augmentée.
Le chorégraphe Gilles Jobin proposera aux spectateurs d’expérimenter la danse (et ses avatars) en réalité virtuelle avec VR_I. Le samedi 19 octobre sera le point d’orgue de cette semaine invitant adultes et enfants à un parcours connecté et à des ateliers. À l’occasion de cette journée spéciale, il sera temps de découvrir les projets alliant danse et nouvelles technologies récompensés au Dansathon 2018 de la dernière Biennale : le projet français Vibes, le projet anglais Digital Umbilical et le projet belge Cloud Dancing.
Vibes est le projet français mené par le chorégraphe Éric Minh Cuong Castaing, que les Lyonnais pourront tester en direct avec mobiles et écouteurs.
“Vibes, dit le chorégraphe, a pour objectif de détourner l’usage du mobile pour nous rendre présent à nous-même et aux autres, le temps d’une performance collective dansée.” Conçue comme un “Tinder chorégraphique”, l’application permet à des personnes du monde entier ou sur un seul lieu de se connecter à un moment donné et de faire l’expérience du corps, de la danse et de la construction collective. C’est la voix du chorégraphe qui amène les utilisateurs à explorer des sensations et à rencontrer l’autre par le corps. L’application s’appuie sur un enchaînement de consignes chorégraphiques en quatre étapes : prendre conscience de soi, devenir un corps élastique, aller ensemble dans une dynamique et rencontrer par le toucher.
“L’enjeu de l’application, c’est la rencontre avec des personnes qui ont chacune une approche du corps ou de la danse très différente. Sans leur imposer des mouvements précis, je suis dans la suggestion de sensations qui les porte à créer leurs propres mouvements. Cela ressemble d’abord à une sorte de corps matière, où tout le monde devient une masse qui bouge sans cesse, un magma qui circule et glisse entre les corps. Puis, à la fin, il y a un type de toucher délicat, sensible, avec le plaisir de la rencontre de l’autre, un toucher qui n’est pas dans le code social.” Vibes ne cherche pas la reconnaissance d’une danse, d’une partition ou d’un folklore mais offre un contexte porté par un protocole avec des corps qui se donnent, se relâchent et essayent de trouver une forme de liberté.
Le projet pose aussi la question de la façon dont les nouvelles technologies créent de nouvelles manières de voir les autres et leur environnement. De toutes ces personnes qui sont seules dans des bulles et en même temps ensemble. “Ces types de relations n’existaient pas il y a dix ans et je pense que la danse a quelque chose à raconter. La danse, c’est l’engagement du corps et il faut qu’on questionne ces nouvelles relations. Là, typiquement, on s’est créé une nouvelle façon de se rencontrer à partir de l’audio-guidance comme on peut faire des rencontres avec d’autres applications, comme Tinder. D’ailleurs, j’aime bien dire que Vibes est un Tinder chorégraphique, sauf que là on y amène de la sensibilité.”