Une halle culturelle, une salle de plus de 500 places, un restaurant panoramique. Le projet de la future salle Rameau a été dévoilé ce vendredi par Gérard Collomb, le maire de Lyon. Cet “Olympia à la Lyonnaise”, comme l’a décrit le porteur du projet s'annonce déjà emblématique dans le bas des pentes et qui suscite quelques questions sur son incorporation au tissu culturel et musical lyonnais.
Gérard Collomb a présenté ce vendredi le projet de réhabilitation de la salle Rameau située en bas des pentes dans le 1er arrondissement de Lyon. Comme nous l'écrivions en octobre 2018, les travaux seront portés par le cabinet d'architectes Perrot & Richard et par Cécile Rémond (architecte du patrimoine), pour un réaménagement de la salle de 500 à 840 places, avec un traitement acoustique, une reconfiguration de la scène et des balcons. En effet la scène sera déplacée du côté du grand escalier rue Hippolyte Flandrin pour des raisons d'acoustique. Des fenêtres vont aussi être dégagées et rouvertes pour faire rentrer de la lumière naturelle dans cette salle comme c'était le cas au début du siècle. En tout, 240 dates par saison devraient être programmées. L'orchestre de chambre de Lyon y sera en résidence.
Au rez-de-chaussée, un espace de “culture court” (halle de la culture, pour les francophones) sera créé. Il accueillera des boutiques et des animations culturelles. “C'est un concept commercial avec l’idée de faire un pendant aux Halles de la Martinière. La culture au sens large y sera représentée. Ce qui comprend aussi la cuisine. Des marques, des artistes et des artisans viendront présenter leurs produits. Ce sera un lieu vivant et ouvert sur le quartier”, a précisé Alain Flourent, directeur du projet au sein de la Compagnie de Phalsbourg, qui a remporté le marché public pour gérer ce lieu culturel. “Ce sera le même principe que La Commune dans le 7e arrondissement, mais avec la culture”, abonde Loïc Graber, l'adjoint à la Culture de la ville de Lyon.
Enfin à l'étage, un espace de restauration avec vue sur Lyon va être aménagé. “Cet espace n'existe pas actuellement, mais sa création est conforme au projet initial des architectes de ce bâtiment (François Clermont et Eugène Riboud, NdlR) construit en 1908”, assure M. Flourent. On ne connaît pas encore les contours de ce restaurant, qui en plus de la verrière aura un plancher transparent qui donnera sur la salle de spectacle. On sait cependant que le matin, un service de type coffee shop sera proposé, le midi une “offre de petite restauration” et le soir la possibilité de se restaurer “avant et après les événements”. Ce lieu sera ouvert au public toute la journée.
Le dépôt du permis de construire sera déposé durant l'été 2019. Les travaux débuteront début 2020 pour une ouverture prévue à l'automne 2021. Le montant des travaux est estimé à 14,3 millions d'euros. Ils seront financés par la Compagnie de Phalsbourg.
Et l'écosystème local ?
Pour le moment, les gestionnaires du projet assurent que culturellement, l'offre proposée fera la part belle “aux circuits courts”. Mais l'arrivée de disquaires, libraires et magasins éphémères au sein d'un lieu à forte visibilité pose la question de son articulation avec les commerçants présents en nombre – notamment les discquaires – dans cette partie de la Presqu'île. “L'idée c'est de créer des liens avec eux et pas de la concurrence”, assure Alain Flourant qui certifie par ailleurs qu'aucun opérateur de type Fnac ne sera présent dans le lieu.
La scène musicale lyonnaise, qui semble avoir trouvé un équilibre, va aussi être directement concernée par l'ouverture d'une salle de plus de 500 places. Un lieu qui se voudra comme un “Olympia à la Lyonnaise”, s'est enthousiasmé le directeur du projet. Elle sera positionnée sur “une offre de chanson française exigeante et de qualité”, a-t-il ajouté. Musique classique, musiques actuelles, jazz, comédies musicales devraient trouver leur place dans ce nouveau projet. “Il n’y aura pas de concurrence avec les autres salles comme le Transbordeur. L’adjoint à la Culture travaille déjà avec les différentes institutions lyonnaises pour que cette salle soit un lieu de représentation supplémentaire”, a certifié Gérard Collomb. Au-delà de la musique, l'université de Lyon est partenaire de ce projet pour organiser des conférences comme cela a toujours existé dans la salle Rameau.
Un projet “pipé” ?
La cession pour 60 ans de ce monument emblématique de Lyon a été critiquée par certains élus locaux, dont Nathalie Perrin-Gilbert, la maire du 1er arrondissement. Lors de notre enquête sur les repreneurs de cette salle, et notamment sur Jean-Marc Borello, un proche du président Macron, Mme Perrin-Gilbert avait dénoncé un marché “pipé”. “La décision a été prise le soir même, sans délibération du jury. Tous ont voté pour la Compagnie de Phalsbourg, qui a même évoqué un projet au sein de la galerie des Terreaux, alors qu’il n’en est pas question pour le moment. Pour moi, le marché est pipé, parce que le projet a été choisi en avance, et si ce dossier a obtenu la salle Rameau, c’est qu’il est question par la suite de céder la galerie des Terreaux”, avait-elle notamment déclaré. Des accusations réfutées par Georges Képénékian, alors maire de Lyon au moment de l'adoption du projet. “Lors du pré-jury le choix de Mme Perrin-Gilbert allait plutôt vers le projet de la compagnie de Phaslbourg avant qu'elle ne change d'avis pour d'autres raisons. Ce que je peux assurer c'est qu'il n'y a pas eu d'arrangement ou quoi que ce soit. Il y aura un processus plus tard pour l'avenir de la galerie des Terreaux qui sera un processus à part”, a-t-il confié à Lyon Capitale.
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