La fièvre du super-héros c’est bien, mais ça donne des maux de crâne. Jusqu’à fin mars, la galerie Space Junk de Lyon tente de mettre à mal une formule bien trop éculée.
Assez du super-héros ? Capes et latex moulant ont envahi en masse les quatre coins d’Hollywood, et ce jusqu’à donner à certains des indigestions. La galerie Space Junk n’en a cure, elle inaugure une exposition consacrée aux titans costumés très originalement nommée… Super-Héros. Pas de panique ! Point de délires façon blockbuster, cette fois-ci l’invitation est, au contraire, à la réflexion. Car, s’ils aiment user de leurs poings, Avengers et compagnie peuvent s’avérer autre chose que des brutes…
Six artistes pour disséquer nos amis à cape
Au total, c’est un petit hexagone d’artistes qui se sont partagés les quatre murs du Space Junk, en vue de passer le super-héros au crible de leur pinceau. Pour ce faire, chacun a sa manière. Un des plus originaux, sans conteste, le Suédois Andreas Englund fait vivre avec sa patte le quotidien – sans filtre – d’un quadra à cape. Le voilà qu’il urine en volant sur une toile, avant de ranger ses courses dans le coffre d’une pseudo-Batmobile sur une autre, des péripéties fort lointaines du super-héros lambda. Quelques tableaux plus loin, ce sont les déjantées “Legographies” du photographe français Samsofy qui s’imposent. Comme l’implique si bien le néologisme, son travail consiste à photographier ces figurines éponymes – super-héros et autres têtes d’affiche de la pop-culture – dans des saynètes on ne peut plus dérisoires. Parmi les autres Français qui se prêtent à l’exercice : le Villeurbannais Karl Baudelere, fada de portraits et du stylo bille, Alexandre Nicolas et ses fœtus en résine masqués ou encore Malojo qui concilie comics et mysticisme. Puis, il y a le petit prince du street-art, l’Australien Anthony Lister, grand amateur de la toile XXL, qui compare Superman à une marionnette capitaliste. Une belle ligue donc pour, peut-être, faire justice au malmené super-héros. Après tout, n’y a-t-il pas une paire d’yeux derrière chaque masque ?