Musée des tissus© Tim Douet

Lyon : la lettre d’Azoulay à Delpuech pour sauver le musée des Tissus

Le ministère de la Culture a proposé de subventionner le musée des Tissus à hauteur de 300 000 euros par an pendant trois ans, à condition que la Ville de Lyon et la région Auvergne-Rhône-Alpes s’engagent à mettre la même somme. Une solution qui ne serait pas suffisante pour les acteurs locaux.

Dans une lettre adressée au préfet, que Lyon Capitale s’est procurée, Audrey Azoulay, la ministre de la Culture, annonce que “le ministère de la Culture et de la Communication est disposé à s’engager à aider sur les trois années à venir le fonctionnement du musée des Tissus, à subvention égale avec celle respectivement de la Ville et de la Région, jusqu’à 300 000 euros par an. […] la participation [de ces collectivités] au financement du musée, qui résulte d’une histoire fortement ancrée localement, est pour moi un préalable à toute intervention pérenne de l’État”.

La ligne de l’État est claire : il n’est pas là pour prendre le relais d’un désengagement des collectivités. Pourtant, les deux acteurs concernés – la mairie de Lyon et le conseil régional – ne semblent pas sur la même longueur d’onde que le ministère. Ces 900 000 euros ne seraient pas suffisants, selon Étienne Blanc, le vice-président du conseil régional : “Ça ne suffirait pas. Il y a un déficit de fonctionnement courant. On ne peut pas prendre des décisions seulement pour boucher un trou.” En effet, le musée a actuellement un budget de fonctionnement de 2,5 millions d’euros.

Du côté de la municipalité, le discours reste distant : “La Ville de Lyon fait partie des partenaires, mais n’est pas l’interlocuteur principal. Nous participerons donc aux réunions, mais nous ne serons pas en première ligne pour engager des fonds. Un fonds de dotation est envisagé, encore faut-il le remplir. Aujourd’hui, la Ville doit en priorité se consacrer à la gestion et à la valorisation des musées municipaux”, explique-t-on dans l’entourage du maire.

Le musée n’est pas encore sauvé

Sur le fond, la ville et la région souhaitent surtout trouver d’autres solutions qu’un financement public. “Tout le monde observe et attend en se renvoyant la patate chaude, regrette Étienne Blanc. Il faut réfléchir à comment développer un projet qui serait accompagné des acteurs publics. Le bâtiment du musée mérite des travaux pour mieux mettre en valeur les collections, avec un projet structurant plus porteur. Le meilleur moyen de sortir de ce dossier, c’est d’avoir un projet qui ne soit pas qu’une simple analyse financière. L’Italie du Nord et la Chine observent tout ça et sont intéressées. C’est l’histoire de l’humanité et il faut donc faire quelque chose pour ce musée.

Laurent Wauquiez aurait rencontré il y a une dizaine de jours des représentants du Louvre – “Ils sont attentifs sur ce dossier et le suivent, mais ce n’est pas quelque chose qui se fait en claquant des doigts”, selon une source proche du dossier. “Pour le moment, le Louvre, bras séculier du ministère de la Culture, n’a pas dit qu’il était “enthousiasmé” par le musée, mais il y a des contacts avec la région”, confirme Étienne Blanc.

Cette volonté d’associer d’autres acteurs est partagée par Gérard Collomb, selon la ministre Audrey Azoulay, qui écrit dans sa lettre : “J’ai pu vérifier que M. Gérard Collomb se trouvait sur la ligne d’une recherche de financement privé, sans envisager encore un soutien de la Ville ou de la Métropole au fonctionnement du musée des Tissus et des Arts décoratifs.

La Chine, un nouvel espoir ?

Ce vendredi, la chambre de commerce a annoncé que le musée des Tissus de Lyon allait prendre “toute sa place dans le volet culturel de la “Nouvelle route de la soie” que souhaite bâtir la Chine entre l’Asie et l’Europe”. Dans ce cadre, le China National Silk Museum d’Hangzhou a également sollicité le musée des Tissus pour l’organisation d’une exposition sur 1 000 m2 en septembre 2017. Un nouveau musée de la Soie en Chine qui va signer une alliance avec le musée des Tissus “prenant la forme d’échanges d’expositions ou d’expertises entre les deux institutions”, annonce la CCI.

Dans le même temps, Maximilien Durand, le directeur du musée des Tissus, a été élu président de l’International Association for the Studies of Silk Road Textiles (IASSRT) dont les membres sont, entre autres, la British Library, l’Université de Cambridge, le Centre international de recherches textiles de Copenhague, l’Académie des sciences de Moscou, le Département des antiquités d’Israël, le musée de l’Ermitage, l’Université nationale de Corée, l’Université Donghua de Shanghai… Il est d’ailleurs prévu que le musée lyonnais accueille la prochaine assemblée générale de l’IASSRT et le symposium international “Sur les routes de la soie” en novembre 2017. Une preuve que le musée existera toujours à cette date ?

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