Lyon : pourquoi y a-t-il un "Veilleur de pierre" place Bellecour ?

Tous les jours, nombreux sont les Lyonnais à passer devant lui, parfois sans remarquer sa présence. La polémique sur la bâche publicitaire au-dessus de lui a rappelé que le Veilleur de pierre est encore aujourd'hui le garant de la mémoire de Lyon. Pourquoi est-il installé ici ?

À l'angle de la rue Gasparin et de la place Bellecour, le Veilleur de pierre accompagne les inscriptions des noms de cinq fusillés en 1944, les lieux de massacre en Rhône-Alpes durant la Seconde Guerre mondiale, ceux des camps de concentration et d’exterminations des nazis, ainsi qu'un message : "Passant va dire au monde qu’ils sont morts pour la Liberté". La polémique autour d'une bâche publicitaire située au-dessus du "Veilleur de pierre" a rappelé sa présence à plus d'un Lyonnais. Pour comprendre son origine, il faut revenir en 1944.

Les cinq martyrs de Bellecour

Après le débarquement, les alliés avancent inexorablement vers le Sud. Lyon est encore loin d'être libérée et la Résistance ne lâche pas sa pression sur l'occupant nazi. Le 26 juillet 1944, une bombe artisanale explose au café du Moulin à vent, place Bellecour. L'établissement accueillait régulièrement des officiers allemands, ainsi que des membres de la Gestapo dont le siège est alors situé au 32 de la même place (à proximité de là où l'on retrouve aujourd'hui une autre bâche publicitaire...).

Les dégâts de l'attentat sont purement matériels, mais les Allemands veulent faire un exemple et soumettre à nouveau une ville qui a repris espoir. Le 27 juillet, ils se rendent place Bellecour avec cinq prisonniers connus pour des faits de résistances : Albert Chambonnet, Gilbert Dru, Léon Pfeffer, René Bernard, Francis Chirat. Les cinq hommes sont fusillés publiquement. Dernier a être exécuté, Albert Chambonnet meurt en hurlant "Vive de Gaulle, vive la France !". Les corps sont abandonnés sur place comme un avertissement envoyé à la population.

Lyon est sous le choc. La ville sera enfin libérée le 3 septembre. Rapidement se pose la question de la construction d'un mémorial pour honorer les martyrs. En 1947, le lieu est choisi place Bellecour, et le projet confié au sculpteur Georges Salendre et de l’architecte Louis Thomas. Le 4 septembre 1948, le Veilleur de pierre est inauguré là où le sang des héros a coulé. Si les start-ups et les publicités passent sans marquer les esprits, la mémoire transmise par le Veilleur de pierre reste immortelle.

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