Le sociologue Didier Eribon est à Lyon ce vendredi pour une conversation autour de son essai autobiographique Retour à Reims, dont s’est emparé le metteur en scène Thomas Ostermeier. Le spectacle est présenté aux Célestins à partir de jeudi.
Véritable phénomène d’édition paru en 2009, Retour à Reims est un texte très personnel, qui raconte comment, en retournant dans sa ville natale à la mort de son père, Didier Eribon se replonge dans son passé et ses origines sociales. Cet essai questionne, à travers son propre parcours d’intellectuel issu d’un milieu ouvrier, les mécaniques des déterminismes sociaux : système scolaire, perpétuation des classes sociales, exclusion… Plus qu’un simple récit autobiographique, il livre une analyse sociologique et politique, pointant notamment la responsabilité de la gauche française dans le basculement du vote ouvrier vers le Front national.
De ces réflexions sur les éléments qui constituent une identité sociale, mais aussi personnelle, Thomas Ostermeier propose un spectacle quasi documentaire. Sur les traces de Didier Eribon, effectuant le même voyage de Paris à Reims, le metteur en scène allemand a réalisé des images qui accompagnent le texte, porté sur le plateau par la comédienne Irène Jacob.
Retour à Reims – Du 16 au 25 janvier au théâtre des Célestins
Conversation avec Didier Eribon – Vendredi 17 janvier à 18h au théâtre des Célestins – Entrée libre
L'adaptation de Laurent Hatat en 2015 à la Maison des Métallos était beaucoup plus subtile et émouvante que celle de Thomas Ostermeier à l'Espace Cardin, l'an dernier. En fait, les deux adaptations étaient complètement opposées. La première sur un dialogue entre le fils et la mère (sujet sensible pour Didier Eribon), joué vraiment joué par deux très bons acteurs. Cinq ans après le souvenir en reste intact. Alors que l'adaptation de Thomas Ostermeier ne veut rien rater du discours socio-politique, en inventant une mise en scène où une actrice, dans un studio son, "dit" des textes adaptés du livre, mettant dans une distance desséchante, qui sans espace possible pour l'empathie, qui pour le coup en est absolument absente, les gilets jaunes évidemment absents du livre rajoutés par là-dessus pour faire un brouet pesamment didactique. On ressort de la pièce non concerné, sans avoir cru à rien. C'est bien le problème que de vouloir faire d'un texte sociologique un texte théâtral.