Biennale 2017 Zamora Godinho vue générale
© Blaise Adilon

Lyon : une Biennale 2017 entre expérience et expérimentations

La 14e Biennale d’Art contemporain de Lyon ouvre ce mercredi 20 septembre. Deuxième volet d’un triptyque consacré à “La modernité”, dans la continuation de l’antique querelle des Anciens et des Modernes, elle s’annonce passionnante. Attentive aux nouvelles technologies, aux questions sociales et politiques (les flux migratoires, l’écologie…) ainsi qu’à l’importance d’une approche sensible, esthétique et sensorielle des œuvres tout autant que du discours qui l’enveloppe. Aperçu de ces “Mondes flottants”.

Alexander Calder – 31 janvier, 1950 © Blaise Adilon

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Alexander Calder – 31 janvier.

Au MAC et à la Sucrière, des valeurs sûres

La 14e Biennale d’Art contemporain de Lyon présente les œuvres d’une soixantaine d’artistes. Il y a les icônes du XXe siècle tels Laurie Anderson, avec Windbook, un dispositif où un souffle d’air tourne les pages d’un livre, Alexander Calder, dont le mobile 31 janvier était vu par Sartre comme “une petite fête” évoquant des “harpes éoliennes”, ou Lucio Fontana avec deux Concetti spaziale et la fameuse Ambiente spaziale, première œuvre acquise par le MAC, sans mode d’emploi, où le spectateur est immergé dans le noir, entre expérience sensitive et canular, voire imposture. Et encore Hans Arp, George Brecht, Marcel Broodthaers, Lars Fredrikson, Brion Gysin, Nam June Paik que l’on retrouve avec plaisir et le recul du temps…

Artistes émergents ou déjà reconnus

Marco Godinho / Hector Zamora – Forever immigrant / Synclastic/Anticlastic, 2009-2010/2012 © Blaise Adilon

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Marco Godinho / Hector Zamora – Forever immigrant / Synclastic/Anticlastic.

Il y a bien sûr les “artistes émergents” et les découvertes. À la Sucrière, Marco Godinho interpelle le visiteur dès avant son entrée en tamponnant à même le mur extérieur du bâtiment l’empreinte Forever Immigrant qui réjouira certainement le ministre de l’Intérieur. Les Mondes possibles de Robert Breer se déplacent imperceptiblement dans l’espace, venant perturber spectacle et spectateurs. Philippe Quesne fait vivre La Mélancolie des dragons. Jingfang Hao et Wang Lingjie conçoivent des objets et des environnements merveilleux où, hors du temps, se mêlent objets, palettes et pollens de lotus. Diana Thater propose une installation lumineuse (White is the colour) et Ján Mancuska une installation en lettres d’aluminium (Œdipus). Ernesto Neto fait flotter des colonnes sensibles, mystérieuses, de coton, sable et lumière. Le Cinéma éphémère de Pratchaya Phinthong, petit véhicule itinérant équipé d’un projecteur, rappelle l’œuvre de Beni Effrat Ararat express 2034, réalisée en 1996 avec la collaboration artistique de Frigo (récemment présenté au MAC) dans le cadre d’“Octobre des arts” ; mais pas de Lyonnais pour la présente Biennale. À la fondation Bullukian (Lyon 2e), Lee Mingwei avec son installation de fleurs fraîches, The Moving Garden, renvoie à Taïwan où tout est verre et béton, sinon vert et gazon.

Que cache le dôme de la place Antonin-Poncet ?

Le dôme de Richard Buckminster Fuller, Radome (1957), place Antonin-Poncet et à l’intérieur l’œuvre de Céleste Boursier-Mougenot, Clinamen v2 © Blaise Adilon (montage LC)

© Blaise Adilon (montage LC)
Le dôme de Richard Buckminster Fuller, Radome (1957), place Antonin-Poncet et à l’intérieur l’œuvre de Céleste Boursier-Mougenot, Clinamen v2.

Non loin de la fondation Bullukian, la Biennale a pris forme depuis quelques semaines place Antonin-Poncet, avec le montage d’une œuvre de Richard Buckminster Fuller, Radome (1957), issue des collections du MAC. Ce dôme géodésique abrite Clinamen v2, œuvre sonore de Céleste Boursier-Mougenot qui se présente comme une piscine bleutée à la surface de laquelle des bols de porcelaine blanche flottent et chantent. Ce troisième lieu de la Biennale 2017, gratuit, ouvert et poétique, sera accessible du 20 septembre au 5 novembre.

C’est aussi la Biennale…

Rendez-vous 17 à l’IAC – L’Institut d’art contemporain de Villeurbanne consacre son exposition à la découverte d’une vingtaine de jeunes artistes de la mouvance institutionnelle française et internationale. Le choix de cette “jeune création” est réalisé par des commissaires représentant 10 biennales d’art contemporain, dont celles de Brisbane, Shanghai, La Havane et Lubumbashi.

Veduta à l’eau de rose – Veduta invite des artistes à dialoguer avec les habitants de plusieurs villes de la métropole pour créer “des mondes parallèles, des lieux de convergence, des espaces d’échange, des endroits de discussion, des expériences sensibles et des visions poétiques”. Entre autres, le 7e arrondissement, Givors, Rillieux-la-Pape, Saint-Cyr-au-Mont-d’Or et Vaulx-en-Velin accueillent le projet Eau de rose : des rosiers de Damas parrainés et plantés par les habitants dans des espaces inattendus de leur quartier ; des pétales récoltés puis distillés pour en extraire de l’eau de rose… Ainsi s’enracine le projet mené depuis 2013 par l’artiste français Thierry Boutonnier, qui invite les habitants à transplanter ces rosiers au cœur des quartiers et à se réunir autour de leur culture lors d’un rituel festif et partagé.

Hans Richter – Ghosts before breakfast, 1928 © Blaise Adilon

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Hans Richter – Ghosts before breakfast, 1928.

Biennale d’art contemporain de Lyon

Du 20 septembre au 7 janvier 2018
www.biennaledelyon.com

Cet article est extrait du supplément Culture (sept-déc 2017) de Lyon Capitale.

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