Coauteur de Lyon 68 deux décennies contestataires, Vincent Porhel livre avec Jean-Luc de Ochandiano l’ouvrage de référence sur la question. Alors que certains se bornent aux événements du mois de mai, se concentrant sur Paris, Vincent Porhel nous rappelle pourquoi Mai 68 mûrissait à Lyon dès le début des années 1960.
Lyon Capitale : Pourquoi combattez-vous l’image qui veut que Lyon soit une ville calme ? Vincent Porhel : Cette image fait abstraction de toutes les contestations sociales. Lyon a toujours été une ville contestataire, ne serait-ce que par son statut de première concentration ouvrière de France. Mai 68, ça commence à Lyon avec la grève de la Rhodiacéta dès fin 1967. Propager l’image de Lyon ville calme où il ne se passe jamais rien, c’est un mépris pour les classes populaires, c’est oublier que le dernier bidonville ferme en 1973. Quelles sont les origines profondes des événements de 68 à Lyon ? Déjà, le terme “Mai 68” est une aberration, qui donne l’impression qu’on commence le 1er du mois et qu’on termine le 31 ; ça isole le mouvement étudiant, tout en oubliant le mouvement ouvrier. On parle davantage de mai-juin 68. Ces deux mois vont révéler toute une société lyonnaise ainsi qu’une contestation qui tire ses origines de la guerre d’Algérie. Cette période a été très spécifique à Lyon, avec des oppositions fortes, des fusillés à Montluc, des tortures au commissariat Vauban. Des jeunes, issus du christianisme social, vont entrer en militance, ils vont se politiser. Ce christianisme de gauche va s’affirmer et participer pleinement aux deux décennies contestataires qui vont suivre. Mai 68 commence à Lyon donc. Et s’y termine, avec la mort du commissaire Lacroix ?Il vous reste 84 % de l'article à lire.
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