Maroc sur la route du cinéma

Voyage. Lawrence d’Arabie, Kingdom of Heaven, Astérix et Obélix… Le public connaît parfois sans le savoir les paysages et les studios grandioses du Maroc. D’une séance dans la plus ancienne salle de Marrakech à la découverte des plus beaux lieux de tournage, découverte de l’Hollywood africaine.

Brahim ne quitte jamais sa besace et si vous le croisez dans les rues de Ouarzazate, il vous montrera volontiers les trésors surprenants qu’il y cache. Cobra, vipère, scorpions… Depuis trois générations, la famille El Issaoui traque les animaux du désert noir. Rien à voir avec les montreurs de serpents prospérant à Marrakech, Brahim travaille pour le cinéma. Une à une, il ramasse les bestioles qui s’invitent sur les tournages. Selon les scènes, il peut aussi les diriger devant la caméra. Pour une production italienne, il a un jour collecté plus de 450 scorpions !

En 2008, une quinzaine de films étrangers et plus de trente longs-métrages marocains ont été tournés dans le pays. Déjà, deux ans après l’invention du cinématographe, en 1897, les premières équipes de tournage, celles des frères Lumières, foulaient le sol chérifien. Ils ont trouvé une source d’inspiration inépuisable. D’est en ouest, des générations de réalisateurs investissent le Maroc. La lumière et les grands espaces du sud, en particulier, fascinent.

à mi-chemin entre Casablanca et Ouarzazate, Marrakech accueille depuis trois ans une école de cinéma unique en Afrique. Grâce à un système de bourses, plus de la moitié des élèves de l’Esav étudient gratuitement. L’institution, parrainée par Martin Scorsese, est devenue un vivier pour les productions nationales. Les jeunes réalisateurs, eux, rêvent de bousculer les codes. En 2009, le succès en salle de Casanegra confirme que le public est prêt à voir le Maroc autrement. Ce drame de Nour-Eddine Lakhmari dévoile sans compromis le côté obscur de Casablanca. Le film représentera le pays aux Oscars en 2010.

A SAVOIR

Premier clap !

Dès la descente d’avion à Marrakech, le décor est planté. L’aéroport Menara, comme beaucoup d’autres lieux du royaume, se prête volontiers au jeu des caméras. Cet hiver, il a servi de cadre au tournage de Sex and the city 2. La production américaine a tourné pendant près de six semaines à Marrakech et dans les environs. L’émirat de Dubaï, lui, a refusé de recevoir Carrie Bradshaw et ses consœurs. Une aubaine pour le Maroc qui tire une fois de plus son épingle du jeu. Selon la période et avec les low cost -Atlasblue ou Easyjet - il est possible de trouver des billets aller-retour Lyon-Marrakech entre 100 et 200 euros. Le vol dure 3h.

Marrakech : on se fait une toile ?

Comme les équipes de cinéma en partance pour le grand Sud, posez quelques jours vos valises à Marrakech et découvrez une autre de ses facettes en suivant les pas des cinéphiles. Situé au centre de Guéliz, l’ancien quartier européen, le Colisée est un des plus vieux cinémas de la ville ocre. Georges Peynet, l’architecte des salles des grands boulevards parisiens et du Comœdia de Lyon, le construit en 1953. L’objectif ? Bâtir “la plus belle salle d’Afrique”. Son toit ouvrant et ses escaliers de marbre en font un bijou de la période moderne. Pourtant, le public marocain boude depuis plusieurs années le charme des salles obscures. Pour s’en rendre compte, direction l’Eden. Caché au cœur de la médina, aux abords de la place Jemaa El Fna, la façade défraîchie de ce cinéma témoigne du malaise. Vestige de l’engouement pour le cinéma populaire, il attend toujours d’être rénové.

Direction Ouarzazate

La route entre Marrakech et Ouarzazate est une des plus belles du royaume… Mais aussi une des plus dangereuses! Si vous y allez en bus, préférez les véhicules de la CTM ou de Supratours, plus fiables. Le ticket coûte 80 dirhams, soit environ 7 euros. Avant d’atteindre le désert, vous passerez entre autres par Tizi n’Tichka, le plus haut col routier de l’Atlas. Profitez du paysage. C’est le premier décor de cinéma du Maroc. Comptez cinq heures pour rejoindre l’Hollywood du désert.

L’envers du décor

Porte du désert, Ouarzazate s’est développée grâce à l’industrie du cinéma. Et s’il n’existe plus aucune salle dans la ville, partout, les équipes de tournage ont laissé leurs empreintes. Le musée du cinéma est un ancien studio. Insolite, son église en plâtre fait face à la casbah de Taourirt. Dans les studios Atlas, à la sortie de Ouarzazate, vous pourrez aussi visiter les décors de quelques-uns des plus grands succès de ces dernières années. La passion du Christ, La Colline a des yeux ou Kingdom of Heaven ont été tournés ici. Mais le plus majestueux de ces trompe-l’œil est celui d’un film français, Astérix et Obélix : mission Cléopâtre. Surréaliste, le temple de la reine égyptienne se dresse au pied de l’Atlas… Les habitants de Ouarzazate, souvent sollicités sur ce tournage, vous raconteront avec joie leurs expériences de figurants.

Sur les traces de Lawrence…

Sur la route du cinéma, un arrêt au ksar Aït ben Haddou s’impose. Situé à une trentaine de kilomètres de Ouarzazate, ce village fortifié figure la cité d’Aqaba dans Lawrence d’Arabie. David Lean immortalise en 1962 la beauté des lieux. Le succès du film rendra célèbre cette architecture typique du sud marocain. En 1987, elle est classée au patrimoine mondial de l’Unesco. à flanc de colline, les escaliers du ksar semblent n’en plus finir. Le panorama depuis la plus haute terrasse mérite l’ascension et offre un point de vue unique sur la vallée et son cours d’eau.

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