Les techniciens s’affairent à peaufiner les éléments du décor, à régler les lumières. Sur scène, les artistes, coachés par le chorégraphe et ses assistantes, répètent encore et encore les gestes, les mouvements, les chansons, modifient tel moment, telle attitude. Victor Bosch, le producteur, est tendu. Très tendu. Une cicatrice de fatigue fracture son front.
Dans cette agitation, Michel Ocelot, le père de Kirikou, demeure serein. «J’ai l’habitude des miracles», dit-il. «Mes dessins animés ont été un succès historique et moral. Nous les avons faits sans argent. Il y a des gens qui désirent autre chose que le hamburger et ils ont porté Kirikou. Et puis, je ne stresse jamais, cela ne sert à rien.» Ses dessins animés sont adaptés en 20 langues et vont être maintenant portés sur la scène. « L’idée m’a comblé. Je songeais à la présence physique des corps lorsque je dessinais Kirikou. Ce spectacle, je le vois tel une comédie-ballet comme à l’époque de Louis XIV. » Michel Ocelot a écrit l’adaptation de son œuvre animée et il participe au spectacle, à sa façon : « Dès que je le peux, je vais danser et chanter avec les artistes lors des échauffements et des répétitions. Ce sont des virtuoses. ».
Outre cette comédie musicale, l’auteur est affectivement lié à Lyon. C’est Marc Bonny, propriétaire du cinéma Comoedia, qui a distribué le film avec le succès que l’on connaît. Azur et Asmar, sa dernière création a été coproduite par Rhône-Alpes cinéma et la musique a été enregistrée par l’Orchestre National de Lyon. Lorsque les répétitions ont débuté au Transbordeur, il y allait en roller : «C’était magique de traverser le parc de la Tête d’or et de saluer les éléphants et les tigres avant de retrouver Kirikou.»