© Michele Laurent

Mnouchkine au TNP : L’Île d’Or, le fil d’Ariane

C’était l’un des spectacles les plus attendus de la saison. L’Île d’Or d’Ariane Mnouchkine – accueillie collectivement par les grands théâtres de la métropole lyonnaise – est une œuvre foisonnante d’une très grande beauté. Elle est proposée jusqu’au 26 juin au TNP.

"Le théâtre est poésie. Il n’est pas un tract politique que l’on jette en sortant du spectacle".
La formule énoncée par l’un des personnages de L’Île d’Or, porte le paradoxe qui taraude depuis toujours Ariane Mnouchkine, immense pasionaria de la scène française.
Quelle est la place du théâtre dans les luttes sociales et politiques lorsque son public est, pour la plupart du temps, situé aux antipodes des classes populaires ?
Son spectacle, L’Île d’Or, tente une fois de plus de répondre à cette question.

Ariane Mnouchkine © Théâtre du Soleil

La dernière création de sa troupe, le Théâtre du Soleil, s’inscrit comme un hommage aux traditions des arts populaires du monde entier et de toutes les époques.
Ceux du théâtre ambulant, des marionnettes, du masque ou de la farce, où l’on s’en prend à cœur-joie aux puissants, avec la liberté de l’oralité quand l’écrit est soumis à la censure.


Le langage des arts traditionnels japonais, le kabuki ou le Nô


En situant son récit – sorte de rêve éveillé d’une femme malade - dans une île imaginaire du Japon, elle revient dans le pays où a germé sa vision du théâtre, dans les années 1960.

Cette culture nipponne, source d’inspiration permanente du travail d’Ariane Mnouchkine, nourrit ce spectacle, qui emprunte avec abondance au langage des arts traditionnels japonais, le Kabuki ou le Nô, mais aussi dans les expressions comiques surjouées des héros de mangas et d’animés.

© Michèle Laurent

Ici, c’est autour de l’organisation d’un festival de théâtre qui accueille des troupes du monde entier que s’opposent les personnages qui vivent sur une petit île, Kanemu-Jima - l’Île d’Or. Cette dernière fait l’objet de spéculation immobilière, organisée par le maire corrompu et des hommes d’affaires véreux, et qui font face à des habitants en colère.


Des tableaux d’une incroyable beauté


Dans une succession de scènes, les protagonistes - dont le visage est étrangement déformé par un masque leur donnant un air de figurines en plastique - s’agitent de toute part dans un décor en mouvement permanent.

Tel un puzzle aux multiples possibilités, le récit offre de nombreux tableaux, dont certains sont d’une incroyable beauté. Un vent qui se lève, une mer agitée, un volcan en éruption, des grues géantes, un hélicoptère qui semble survoler le plateau…

© Michèle Laurent

Une mosaïque des luttes politiques et citoyennes


Des scènes qui font également écho aux fléaux du monde : répression à Hong-Kong, corruption au Brésil, conflit israëlo-palestinien, destruction de l’environnement ou violences conjugales.

Ces récits – peut-être parfois un peu trop foisonnants - dessinent une mosaïque des luttes politiques et citoyennes en mêlant les langues, dans une sorte de manifestation universelle pour la liberté.

Pour Mnouchkine, l’Île d’Or, est ainsi le refuge symbolique de tous ces combattants. Des "partisans de l’idée de bonheur et de l’amour de la liberté" dit-elle, montrant ainsi qu’elle ne renonce pas à porter ce théâtre utopique qui, tel un fil d’Ariane, la guide depuis près de 60 ans.


L’Île d’Or (Kanemu-jima) -  Jusqu'au 26 juin au TNP (en association avec Les Nuits de Fourvière, les Célestins, le Radiant-Bellevue, Le Toboggan, le théâtre de la Croix-Rousse, le théâtre de la Renaissance). 


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