En réaction au licenciement "unilatéral" du directeur du théâtre municipal de Roanne, le 9 avril, une manifestation de soutien à Abdel Sefsaf est prévue ce soir à 18h devant l'entrée de l'Hôtel-de-ville.
C'est la triple peine pour le théâtre municipal de Roanne. Après le limogeage de son directeur annoncé le 9 avril dernier par le maire, le président de la région Rhône-Alpes, Jean-Jack Queyranne a écrit hier au maire pour lui annoncer qu'il retirait le label "scène régionale" à l'équipement municipal. La subvention triennale qui l'accompagne, d'un montant annuel de 60 000 euros, sera en conséquence supprimée.
Des irrégularités dans le contrat de travail
"Le licenciement d'Abdel Seshaf a été pris de façon unilatérale par le maire, il dira c'est son pouvoir, c'est vrai, il prend ses responsabilités. Mais il aurait pu aussi en informer la région Rhône-Alpes qui est partenaire" s'est étonné Jack-Queyranne au micro de Julie Szmul, mercredi 23 avril, sur les ondes de France-Bleu-Saint-Etienne-Loire (écouter le podcast en cliquant ici).
Le licenciement en lui-même ne coutera pas un centime à la commune, le sous-préfet de la Loire ayant dénoncé le 8 avril des irrégularités dans le contrat de travail passé par la précédente municipalité avec Abdel Sefsaf. Il manquait un curriculum vitae et des fiches de paie notamment, mais surtout, le contrat avait été signé le 7 janvier dernier pour une prise de poste le 18 novembre. Or lle nouveau maire, Yves Nicolin (UMP) a fait valoir que le contrat ne pouvait être rétroactif. Il s'est appuyé sur ces irrégularités pour envoyer, le 9 avril, les gendarmes au domicile d'Abdel Sefsaf qui lui ont signifié son licenciement devant sa femme et ses trois enfants.
"Abdel Sefsaf donnait satisfaction"
La Région Rhône-Alpes s'estimait pourtant satisfaite du travail effectué par Abdel Sefsaf depuis un an et demi. Un bilan de l'équipement municipal lui avait été transmis et son travail évalué au moment du renouvellement du label "scène régionale" en octobre dernier donnait entière satisfaction, aussi bien en terme de fréquentation que d'objectifs financiers et culturels (ancrage territorial, partenariat avec des écoles, projet artistique....).
La convention passée avec la région "n'est pas respectée", explique aujourd'hui Jean-Jack Queyranne, "puisqu'il est dit que cette convention est conclue, je cite , sous la condition expresse que la responsabilité artistique soit assurée par le directeur en place à la date de sa signature" (c.f: copie d'écran de la convention que nous nous sommes procurée ci-dessus).
Et la Région n'est pas la seule à tirer les leçons de la décision du maire selon nos informations. La Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) qui envisageait elle aussi un partenariat avec le théâtre envisage de remiser son projet au placard, depuis le limogeage du metteur en scène.
Le maire invoque un conflit d'intérêt
Jacky Rocher, président du groupe des 20 se dit lui aussi "choqué" par la méthode et par les arguments qui ont motivé la décision du maire. "Yves Nicolin invoque un conflit d'intérêt du fait de la double casquette d'artiste et de directeur de théâtre d'Abdel Sefsaf, mais l'argument ne tient pas puisque c'est le cas de nombreux autres directeurs de théâtre dans la région" décrypte le président du Groupe des 20, mouvement associant des représentants de scènes municipales et périurbaines de la région.
En réaction, le groupe des 20 organise ce soir une manifestation devant l'entrée du conseil municipal de Roanne qui se réunira à 18h. Les acteurs culturels, soutenus par le Syndicat national des scènes publiques, le Syndicat des entrepreneurs d'activités culturelles et "Loire en scène" essaieront de faire entendre raison au maire UMP de la commune.