Corto Maltese et son créateur Hugo Pratt à Venise © Fable de Venise (1977) / Photo Cong. SA
Corto Maltese et son créateur Hugo Pratt à Venise © Fable de Venise (1977) / Photo Cong. SA

Musée des Confluences : il était une fois Hugo Pratt...

Une exposition dédiée au créateur de Corto Maltese ouvre ce samedi au musée des Confluences. Tel un récit, elle marque une rupture avec toutes les représentations consacrées à la BD.

Vue de l’exposition “Hugo Pratt – Lignes d’horizons”, au musée des Confluences © Manon Heckmann
Vue de l’exposition “Hugo Pratt – Lignes d’horizons”, au musée des Confluences © Manon Heckmann

"Ce projet, inscrit dans la programmation du musée bien avant son ouverture, ouvre les portes de l'imaginaire", confie la directrice du musée des Confluences, Hélène Lafont-Couturier. En effet, pour "Hugo Pratt lignes d'horizons" une véritable scénographie a été développée, ce qui, additionné au jeu des formats et des techniques de dessin (comme l'aquarelle), donne un sentiment d'immersion totale. Le parcours est singulier et marque des ruptures entre les espaces. La visite se divise en trois parties : une partie biographique, une autre sur les inspirations de l'auteur de bandes dessinées et une dernière sur ses œuvres. Les grandes influences du Vénitien y sont soulignées du début à la fin : la littérature occidentale, majoritairement anglo-saxonne (Jack London), la cinématographie, les comédies musicales, mais surtout les bandes dessinées de l'Américain Milton Caniff.

Exposition ou voyage ?

La carte interactive des périples d’Hugo Pratt © Manon Heckmann
La carte interactive des périples d’Hugo Pratt © Manon Heckmann

"Nous n'avons donné aucun fil conducteur au parcours. Il n'y a pas d'itinéraire déterminé", explique Yohan Cornier, le commissaire d'exposition. Il ajoute : "Nous avons privilégié les lieux géographiques du monde de Pratt : l'Océanie, l'Amérique du Canada à l'Argentine, l'Éthiopie, et beaucoup insisté sur les guerres indiennes dans le contexte de la lutte des États-Unis pour l'indépendance. Hugo Pratt en était devenu un spécialiste et nous avons voulu rendre hommage à sa connaissance de ce sujet." Une carte interactive placée au cœur de l'expo permet de retracer les différents voyages de Pratt aux quatre coins du globe et fait apparaître les personnages qui en ont été inspirés.

Jamais autant de dessins originaux rassemblés

Inédites, les œuvres en noir et blanc d'Hugo Pratt parsèment les murs des différentes pièces. Ayant servi de modèle à l'auteur, de nombreux objets, dont trois quarts proviennent directement des collections du musée, complètent l'expo. On retrouve, par exemple, le scaphandre que Pratt avait acheté et installé à côté de son studio : celui que porte Corto Maltese, son personnage principal, lors de sa première apparition. Plus loin se trouve la reproduction d'une tête colossale de la culture olmèque, ainsi qu'un lasso à boules argentin, dont Pratt s'est inspiré dans ses dessins de Mū, la cité perdue (1988).

Outre les originaux, nombre de dessins ont été retravaillés en couleurs, par la graphiste Tiphaine Massari, dont l'enfance a été bercée par le dessinateur. Une bande-son a également été créée spécialement pour accompagner les images, en particulier dans le grand cylindre où des séquences animées sont projetées. Celles-ci rappellent d'ailleurs la question du symbolisme, de la musique, des corps et de la danse propres à Pratt.

Une galerie de 390 portraits de ses ouvrages

Le mur des personnages de Pratt dans l’expo Lignes d’horizons © Manon Heckmann
Le mur des personnages de Pratt dans l’expo Lignes d’horizons © Manon Heckmann

En fin d'exposition, le musée propose aux visiteurs une projection d'un documentaire sur Hugo Pratt. Il permet de suivre ses nombreux périples, depuis son enfance à Venise jusqu'en Suisse, en passant par l'Argentine, l'Amazonie, le Brésil, etc. Une galerie exposant pas moins de 390 portraits de personnages créés par l'auteur est également présentée. De plus, il est possible de consulter la quasi-totalité de ses ouvrages, traduits en plusieurs langues.

Quel succès attendu ?

Si le nom d'Hugo Pratt est universellement connu, les générations d'aujourd'hui n'ont pour autant pas toutes suivi les aventures de Corto Maltese.  Cette exposition n’est d’ailleurs pas uniquement dédiée aux amateurs de BD. "C'est une invitation à découvrir un univers, surtout pour la majeure partie du public qui n'aura jamais entendu parler de l'auteur, assure Patrizia Zanotti, directrice générale de Cong, la société propriétaire des droits d'Hugo Pratt. Si la présence de Corto se retrouve tout au long de l'exposition, c'est parce que ce personnage par son histoire et son caractère constitue une sorte de synthèse de son créateur."

Hugo Pratt, lignes d'horizons

Du 7 avril 2018 au 24 mars 2019

Musée des Confluences

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