Loin des grands récitals pianistiques en smoking, l’Opéra explore, une semaine durant, toutes les facettes d’un instrument roi qui navigue entre les genres et les époques. Au programme : conférences, projections documentaires et concerts comme s’il en pleuvait !
L’opération a de quoi séduire, et les amoureux du piano saisiront l’occasion à n’en pas douter ! L’Opéra Underground fête le piano, dans tous ses états, sous toutes ses coutures, en proposant – en collaboration avec le festival Superspectives – une contre-histoire du piano émancipée des lieux communs associés à l’instrument.
Car si les récitals au piano abondent, ils se ressemblent souvent. Comment rendre compte de toute l’étendue d’un répertoire parmi les plus vastes et protéiformes quand les programmes de concert n’affichent que Brahms, Chopin, Schumann ou Liszt ? Combien de compositeurs oubliés, de répertoires boudés, d’œuvres jugées trop “faciles” pour des virtuoses en quête de challenge ?
Pour combler ce manque, François Mardirossian nous a concocté pas moins de cinq récitals – tous accessibles gratuitement – consacrés aux absents, histoire de débarrasser le piano de ses “lettres de noblesse” et déplacer notre focus.
Rendre hommage à Erik Satie et ce piano ascétique, délesté des artifices pompeux et hermétique aux concours de virtuosité, réhabiliter tant de compositeurs inconnus tels Ervin Nyíregyházi, Sebastian Gandera, Gurdjieff, De Hartmann ou la pianiste et compositrice éthiopienne Tsegué-Maryam Guèbrou. Ou encore Rosemary Brown, cette compositrice anglaise – également médium – qui faisait sensation dans les années 70 en présentant des œuvres qui lui auraient été dictées par Debussy, Liszt, Chopin, Bach ou Rachmaninov.
Sans oublier Mompou et même Friedrich Nietzsche qui composa lui aussi des pièces pour l’instrument. Mardirossian se propose de relever le défi tandis que son complice Camille Rhonat animera des sessions d’écoute autour de Glenn Gould ou Sun Ra.
Le piano dans tous ses états
Un passage obligé par Thelonious Monk en compagnie du Mario Stantchev New Bulgarian Trio et cette semaine turbo-pianistique s’achèvera avec deux concerts de l’ovni Pascal Comelade.
Radicalement inclassable, entre avant-garde savante, minimalisme rêveur et romantisme de contrebande, Comelade s’est, depuis les années 70, taillé une réputation sur mesure d’artiste impur par excellence : à la croisée des approches et des courants musicaux.
Avec toujours cette fantaisie d’appréhender le piano différemment, notamment par son usage constant du toy-piano. À l’occasion de ce spectacle événement, Comelade conviera trois de ses complices le temps d’une création pour quatre “réducteurs de piano” réunissant instruments de toutes tailles telle une ultime provocation adressée au monde des grands Steinway & Sons.
Piano Underground – Du 9 au 15 janvier, à l’amphi de l’opéra – www.opera-lyon.com