47 manifestations, une dizaine de lieux. Concerts symphoniques ou numériques en multidiffusion, installations, spectacles chorégraphiques. Sur la thématique État(s) limite(s), la biennale Musiques en scène 2018 promeut le domaine contemporain et une certaine manière d’appréhender la création dans un présent en constante mutation.
Michaël Levinas à l’honneur
Comme à chaque édition de la biennale Musiques en scène, un compositeur invité est mis en avant. Cette année c’est le Français Michaël Levinas. Également pianiste (on pourra l’entendre le 3 mars sur la scène de l’Auditorium), l’auteur des Nègres, créé à l’opéra de Lyon en 2004, se taille la part du lion : une dizaine de ses compositions, retraçant son parcours des années 1980 à nos jours, seront jouées çà et là au fil de la biennale. Constitueront sans aucun doute deux points d’orgue de cette “invitation” sa Conférence des oiseaux de 1985, interprétée ici par l’ensemble 2E2M, et une création mondiale (Psaume – In memoriam Frescobaldi II) donnée à l’Auditorium par l’ONL dirigé par Baldür Brönnimann. Comme souvent dans le sanctuaire lyonnais de la musique symphonique, les œuvres contemporaines (sans doute jugées “difficiles”) seront escortées par des pièces “classiques” du répertoire – histoire de faire passer la pilule ? Le fait est qu’on convoquera Mozart (l’ouverture de Don Giovanni) et Poulenc (La Voix humaine) en complément de programme de cette création, tandis que Liszt, Schumann, Wolf ou Debussy s’inviteront sans scrupule à la partie.
Cabinet de curiosités
Un brin plus dépaysant certainement, les Subsistances accueilleront l’installation-concert Myousic qui, sous la houlette du batteur Julian Sartorius et du metteur en scène Dimitri de Perrot, mobilisera les compétences de musiciens, designers sonores, éclairagistes et costumiers pour un spectacle interactif autour du rythme et de ses répercussions.
Au rang des rendez-vous “borderline” qui suscitent la curiosité, on peut citer également le dyptique Point Limite Zéro / Voix magnétiques, toujours aux Subsistances. Affublée de quatre protagonistes sur scène – deux performers vocaux et deux musiciens jouant du magnétophone à bande –, cette création originale a été élaborée à partir d’entretiens réalisés avec des personnes qui “entendent des voix”… On citera également l’introduction dans le domaine contemporain de quelques instruments “folk” comme la vielle à roue ou la cornemuse, ici détournées de leur utilisation traditionnelle (à l’Auditorium) ou le cross-over blues-folk du multi-instrumentiste Benjamin de La Fuente et du vidéaste Mat Jacob (à Lux/Scène nationale de Valence), auxquels se joindra le contrebassiste jazz Bruno Chevillon, également mobilisé seul sur scène le temps d’une performance sonore, visuelle… et héroïque : Spirale, variations sur une dérive (aux Subsistances). Impossible de mentionner l’intégralité des réjouissances au programme, l’idée ici étant de se laisser guider par la curiosité et l’envie de découverte.
Un concert de smartphones, un autre dans l’obscurité totale, un instrument étrange baptisé “Airmachine”, un western revisité par les Percussions Claviers de Lyon : les occasions ne manquent pas d’aller entendre et admirer les élucubrations en cours d’une avant-garde française très à l’honneur !