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No présent : les 80s lyonnaises vues par Lionel Tran

Lionel Tran revient, avec un livre tragi-comique, sur la fin des années 1980 à Lyon. No présent est centré sur les pentes de la Croix-Rousse, dans un squatt d’artistes aussi défoncé que ceux qui l’habitent.

Tabula Rasa, le nom de ce collectif d’artistes, n’aura pas marqué notre histoire culturelle. Leur squatt qui, au début des années 1990, ambitionnait d’être une manière de Factory lyonnaise au cœur de pentes de la Croix-Rousse pas encore boboïsées, fit long feu. En quelques mois, l’espace d’exposition destiné à la libre expression de créateurs soucieux de prouver leur talent devint un foutoir enfumé et sale. Et finalement voué au commerce du shit, seul moyen de survivre pour ses occupants.

C’est sur cette période d’errance, de petits trafics et de grosses défonces que revient Lionel Tran. Il fit partie de cette petite bande de perdants pas toujours magnifiques. No présent – en référence au “no future” des punks des années précédentes – est le récit autobiographique de cette trajectoire. Il mêle l’histoire intime au tableau d’années qui virent l’avènement de Thatcher et Mitterrand, et le début d’une série de crises dont celles d’aujourd’hui sont le prolongement.

L’écriture est sèche, nerveuse, préférant l’ironie à l’apitoiement, l’humour à l’abattement. Les images, saisissantes, se succèdent au cours de brefs chapitres dessinant le portrait d’enfants d’un siècle ingrat. La mort (due au sida, à la drogue, ou aux deux réunis), la folie et la violence sont plus souvent convoquées que l’espoir. Il en filtre pourtant quelques lueurs, celles qui naissent pour ceux – dont l’auteur – qui ont réussi à s’échapper de cette galère. Ainsi peut-il conclure : “Tu vas avoir trente ans. Tu as vécu dix ans sans statut social. Tu t’es nourri sans revenus. Tu as eu la force de te fixer des objectifs, et de t’y tenir. De quoi as-tu peur ? Tu n’es pas mort.”

No présent, de Lionel Tran. Éditions Stock, 288 pages.

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