À Fourvière, les fantastiques sœurs Labèque s’emparent de trois opéras composés par Philip Glass et consacrés aux films de Jean Cocteau. Ces Suites, arrangées pour deux pianos, bénéficieront d’une scénographie originale faisant appel aux arts numériques.
Philip Glass a composé un grand nombre d’opéras dont sa célèbre trilogie consacrée à Einsten (on the Beach), Gandhi (Satyagraha) et Akhenaton (Akhnaten) : trois “hommes qui ont changé le monde dans lequel ils vivaient par la force de leurs idées”. Cette inspiration le conduira à s’intéresser par la suite à Galilée ou Kepler.
Mais dans les années 90, le compositeur s’empare de l’œuvre filmique du poète Jean Cocteau (qu’il découvrit dès l’adolescence lors d’un séjour parisien en 1954) prouvant par ce nouveau triptyque que sa francophilie ne se limite pas à la musique.
Un premier volet voit le jour en 1993, Orphée, s’inspirant davantage du film homonyme que du mythe et dont la relecture de Glass nous dépeint un artiste, poète maudit, incompris de ses pairs.
Métissage audacieux
Puis c’est au tour de La Belle et la Bête de faire l’objet d’une réinvention de la part du compositeur. Ici, Glass exploite le potentiel onirique du conte pour enfants pour parler du processus créatif de l’artiste. La partition évoque la musique française, notamment dans les harmonies, tout en se parant de couleurs exotiques par un métissage audacieux avec la musique indienne.
En 1996, le troisième volet s’inspire du roman de Jean Cocteau Les Enfants terribles, paru en 1929 et adapté au cinéma en 1950 dans une réalisation de Jean-Pierre Melville. On reste ici dans le registre de l’enfance, fantasmée par Cocteau, empreinte de surréalisme et traitant, par le prisme de deux enfants, de la capacité de l’imagination à transformer le réel. Paul, victime d’un jet de boule de neige par le caïd de son école dans lequel se trouvait un caillou s’évanouit et se réveille paralysé, cloué au lit. Un malheur n’arrive jamais seul et sa mère, malade depuis longtemps, décède. C’est dans cette chambre, où le rejoint sa sœur Élisabeth, que les deux enfants s’inventent une autre réalité… jusqu’au drame.
C’est grâce à Michael Riesman – arrangeur “officiel” de Philip Glass et directeur musical du Philip Glass Ensemble – que ce spectacle peut voir le jour. Des partitions originales de Glass, Riesman tire trois Suites, réarrangées pour Katia et Marielle Labèque aux pianos (avec qui il avait déjà travaillé).
À la direction artistique du projet, Cyril Teste a fait appel à la scénographe Nina Chalot et à Mehdi Toutain-Lopez chargé de la lumière et de la création numérique.
Trilogie Cocteau / Philip Glass –Vendredi 28 juin à 22 h au grand théâtre de Fourvière