Habitué des Nuits, Mourad Merzouki revient cette année au théâtre antique avec un spectacle qui inscrit le hip-hop dans l’histoire de la danse.
Soucieux de la question du devenir du danseur hip-hop, de la manière dont on doit former les interprètes mais aussi celui qui enseigne, Mourad Merzouki essaye tant bien que mal de trouver des solutions pour professionnaliser cette discipline. En attendant que les choses bougent du côté des autorités publiques (mais également dans le milieu du hip-hop), il a inventé un projet : Kampus.
“Au sein de Pôle Pik, dit-il, on a créé des rendez-vous avec les danseurs pour mettre en place un travail régulier de formation, de transmission, mais on se rend compte qu’avec le hip-hop il est nécessaire d’y accéder par le biais de la création, du spectacle, c’est plus concret pour eux. Ceci s’explique par le fait que cette danse est avant tout dans la représentation.”
Kampus, c’est l’idée de transmettre des pièces existantes qui permettent de réunir de nombreux danseurs de la région, toutes générations confondues. Le premier pari réussi fut la reprise lors de la dernière Biennale de Récital, pièce emblématique de Käfig, pour laquelle tous les danseurs ont réussi à travailler intelligemment avant d’entamer une belle tournée. Devant ce succès, il était impensable pour le chorégraphe d’abandonner ce concept, tant il correspondait à l’idée de transmission et de formation. Aux Nuits de Fourvière, il crée Répertoire #1, en espérant que ce soit le début d’une longue série à venir.
Nourrir les danseurs, faire voyager les spectateurs...
Il s’agit ainsi de reprendre et d’orchestrer quinze minutes de spectacles qui ont marqué l’histoire du hip-hop (huit au total), autour de plusieurs chorégraphes : Kader Attou, Anthony Égéa, Bouba Landrille Tchouda, Mourad Merzouki... Au-delà de l’aspect artistique, l’enjeu est clair : transmettre par la création différents styles et approches de la danse hip-hop.
“L’idée, c’est aussi d’avoir plusieurs pièces qui vont coexister, d’imaginer le lien entre toutes les énergies. Le spectateur va voyager dans une même soirée à travers différentes écritures, avec des danseurs âgés de 18 à 46 ans qui se seront nourris tout du long. Mon désir est de convaincre les partenaires publics qu’on est en train de répondre aux préoccupations du devenir de cette danse. Cela fait deux ans que je travaille avec ces danseurs. Par la diffusion, on fait connaître ces œuvres à un large public mais, lorsqu’on travaille sur une création, on les confronte au respect de l’outil studio, à l’écoute d’un chorégraphe et là ils se forment.”
... et découvrir une jeune chorégraphe branchée hip-hop télévisuel !
Au programme de cette soirée figure une chorégraphe de 26 ans, peu connue mais qui commence à faire parler d’elle en raison de son lien avec les danses télévisuelles. Formée au contemporain puis à la breakdance, Marion Motin a dansé sur une tournée de Madonna et chorégraphié deux clips de Stromae. Elle incarne une génération qui refuse de se laisser enfermer dans un style et milite pour une liberté artistique.
“J’ai voulu qu’elle soit là, précise Mourad Merzouki, car je vois bien que les danseurs sont sensibles à sa manière de chorégraphier le hip-hop, et je trouvais intéressant que l’on découvre la danse qu’elle propose, notamment son rapport à la caméra, à la télévision.”
Répertoire #1 – Lundi 23 et mardi 24 juin à 22h, au théâtre antique. Réservation sur le site Internet des Nuits de Fourvière.