David Dimitri a installé son chapiteau à Fourvière pour un spectacle de haute volée, entre acrobatie, poésie et humour. Du grand art.
“J’espère qu’on va dormir ici !” Cette réflexion émanait d’une petite fille assise à nos côtés lors de la première représentation du spectacle de David Dimitri, L’Homme cirque. Elle dit bien l’état d’émerveillement que produit cet artiste atypique. Et pas seulement chez les enfants.
Seul sur une piste encombrée, David Dimitri enchaîne les numéros avec une virtuosité et un sens de la poésie rares. Il y a chez lui quelque chose de Buster Keaton, une silhouette émaciée, une élégance qui n’a rien de compassé puisque le contact se noue très vite avec le public, uniquement par gestes et mimiques – son spectacle est en effet entièrement muet. Et puis surtout cette fausse maladresse qui dissimule une incroyable virtuosité. Elle est visible dès le premier numéro, lorsqu’il fait le zouave sur un tapis roulant lancé à des vitesses vertigineuses.
Le sens comique est aussi une de ses caractéristiques. On s’en aperçoit lorsqu’il enchaîne avec son cheval d’arçon, un vrai faux canasson qui fournit son lot de crottins quand on lui tire sur la crinière. Mais tout ça n’est qu’amuse-gueules terrestres, ce sont les hauteurs qui attirent notre bonhomme. Et c’est là où il se montre le plus impressionnant.
Il enchaîne comme qui rigole les cabrioles sur un filin tendu. Allant même jusqu’à y jouer de l’accordéon ! Presque aussi périlleux que les sauts dont il nous gratifie. N’empêche que le moment que tous attendent, c’est lorsqu’il se glisse dans la gueule d’un gigantesque canon. Il a beau paraître à son affaire, on en frissonne. Et le voilà catapulté dans les hauteurs du chapiteau, se retenant au dernier moment à une corde. Ouf !
Alors que l’on croyait que c’était la fin et le clou du spectacle, il nous étonne encore. Il monte sur un autre filin et sort du chapiteau par une trappe. On le retrouve une fois sortis. Il se promène à l’extérieur, à une hauteur vertigineuse, sans aucun dispositif de sécurité. C’est là qu’il accueille les derniers applaudissements. Ils sont nourris, comme pour prolonger cette dernière image de l’homme-cirque, d’une stupéfiante beauté.
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L’Homme cirque, jusqu'au 31 juillet, à 19h30, sur l'esplanade de l'odéon de Fourvière, dans le cadre des Nuits de Fourvière 2012.