Pour cette édition anniversaire forcément un peu spéciale, Nuits sonores a concocté un programme aux petits oignons. Dont voici un aperçu seulement, tant la chose est vaste.
20 ans. Cette édition symbolique aura donc tout de l’édition “all-star”, comme disent les Américains avec mesure quand il s’agit d’évoquer la crème de la crème (de la crème). On retrouvera par exemple l’une des premières pensionnaires du festival, Ellen Allien (jour 4). Mais aussi des incontournables de la scène électro : Jennifer Cardini (nuit 2), Richie Hawtin (nuit 1), Marcel Dettmann (nuit 3), Seth Troxler (nuit 2), Moderat (nuit 1) ou Todd Terje (on ne s’est jamais remis de sa reprise avec Bryan Ferry de Johnny and Mary de Robert Palmer, jour 3).
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4 nuits, 3 scènes
Pour le programme des quatre nuits proprement dites, il sera indispensable de jongler entre les rosters de trois sites : les usines Fagor (pour la dernière année) qui accueilleront les gros raouts de tatapoum, H7 pour un line-up plus local (Garçon Sauvage, 69 Degrés, Everybody Trance, Polaar... et associés) et Le Sucre pour le versant nocturne le plus intimiste.
Et s’il fallait piocher quelques noms comme ça dans la programmation générale, on aurait tendance à vous orienter vers le maître du dub (une matière très présente cette année) Adrian Sherwood, incontournable producteur du genre (jour 4), le groupe d’Oakland The Soft Moon et le duo de chez Warp Records Plaid qui occupera une partie de la large place laissée également à l’ambient dans cette édition (le même jour, le 1) et les Master Musicians of Jajouka de Bachir Attar, orchestre de transe soufie vu il y a quelques petites années à l’Opéra Underground (une claque) dont on s’apercevra, sous le couvert de la tradition, que la présence est tout à fait justifiée en ce lieu (nuit 2).
Saluons donc le retour des Extra !, cette programmation alternative faite d’événements parfois loufoques qui saupoudre la ville d’originalité et d’activités ludiques à partager dans le meilleur esprit.
Le programme, mis entre parenthèses durant le Covid, est de retour. À l’heure d’écrire ces lignes, nous n’en connaissons pas encore le contenu. Pas plus que celui de Mini sonore, à Heat, lui aussi de retour, et de sa programmation destinée aux amateurs de musiques électroniques en culottes courtes (les enfants donc, pas les festivaliers en short, qui sont nombreux). Troisième come-back bienvenu, celui des Apéros sonores qui reviennent sous un nouveau nom (mais l’esprit est identique) : celui de Public Domaine (parce que cela se tient dans l’espace public).
Concerts très spéciaux
Bon, une fois qu’on a dit ça, Nuits sonores, c’est aussi des concerts spéciaux, lesquels ont vu passer des pointures taille 52 (New Order, Kraftwerk, Einstürzende Neubauten…).
Celle de cette édition ne fait que du 48 mais reste de très haut niveau avec le showman en peignoir qu’est Chilly Gonzales. Le performeur, pianiste, compositeur et arrangeur que s’arrache toute la sphère pop depuis une vingtaine d’années et personnage hilarant (la manière dont il avait crashé la remise d’une Victoire de la musique à M) était déjà venu en 2019 (ce n’était pas la première fois) avec son projet piano solo, toujours fascinant. Il vient ici présenter son nouveau show qui s’annonce forcément pas piqué des hannetons (dimanche 21 mai à l’Auditorium).
Autre concert à ne pas rater – s’il n’est pas officiellement estampillé spécial, il l’est à bien des égards –, celui du duo Darkside (Nicolas Jaar et Dave Harrington, rencontrés sur les bancs de la prestigieuse Brown University) qui mélange allégrement psychédélisme et musiques électroniques suivant une recette assez planante.
Le groupe avait livré un concert mémorable à Nuits sonores en 2014, en sortie de l’album Psychic, avant de se séparer pour un temps assez long dans la foulée (aucun lien néanmoins).
Et de republier un album en 2021 avec Spiral. À noter que Darkside se livrera quatre soirs de suite sous la verrière des Subs, lieu devenu ô combien mythique du festival.
Et, bien sûr, qui dit Nuits sonores dit une clôture (pardon, un closing) digne de ce nom. Même en l’absence de Laurent Garnier, fidèle parmi les fidèles (dont le record de présence aux Nuits a peu de chance d’être battu) qui a dû annuler au dernier moment, ce closing day sera touffu de chez touffu avec pas moins de quatre scènes.
Mais secret aussi car on ne sait rien de la composition desdites. La surprise sera totale. Il fallait au moins ça pour clore dignement cette édition des 20 ans qui, quoi qu’ait pu en dire Paul Nizan le rabat-joie, est bel et bien le plus bel âge de la vie.
Nuits sonores – Du 17 au 21 mai - www.nuits-sonores.com/programmation