Dans le cadre du Off de Lyon BD Festival, la Mairie du 4e arrondissement présente pour la première fois une exposition BD-dessins de presse du 4 au 29 juin intitulée « Quand le dessin prend une forme narrative ». Tour d’horizon sur ces dessins qui analysent joyeusement l’actualité sur une veine satirique.
Depuis le 4 juin, se tient l’exposition BD-dessin de presse « Quand le dessin prend une forme narrative » à la Salle du Conseil. Tous les âges y sont présents, des rires se font entendre, des discussions s’ouvrent sur les coups de crayon plus ou moins ironiques et impertinents des dessinateurs.
Cette année, la Mairie de la Croix-Rousse a en effet décidé d’exposer des illustrateurs et dessinateurs de presse, combinant ou non ces deux activités artistiques pour le Off de Lyon BD Festival. De grands noms y sont affichés : Reiser, Willem, célèbres dessinateurs du journal satirique Hara Kiri, mais aussi Coco et Faujour de Charlie Hebdo, Dubouillon, dessinateur pour Le Progrès, Soulcié, Pakman, Decressac et Lacombe. Depuis le 4 juin, la Mairie est très satisfaite du nombre de visiteurs : « C’est la première fois que nous faisons ce type d’exposition : nous avons contacté les dessinateurs en janvier et ils n’ont pu venir que le 14 juin pour le vernissage. Nous avons voulu donner une vision narrative de la bande dessinée et du dessin de presse pour permettre aux lecteurs et visiteurs d’avoir une vision large du métier de dessinateur de presse ».
Dessinateur de presse : à la fois artiste et journaliste
Pour illustrer le mieux possible toute la palette humoristique possible du dessinateur de presse, la Mairie a sollicité l’aide d’Iconovox, source d’iconographie, et le résultat est positif au vu de la réception faite par les visiteurs. Habitués ou non par la verve et le style de ces huit dessinateurs connus localement ou nationalement, le dessin en tant qu’art et outil d’analyse journalistique rend compte du caractère perpétuel de certains sujets d’actualité. Les congés payés, le parcours initiatique des présidents français, en particulier celui d’Emmanuel Macron sur les planches didactiques et humoristiques de Pascal Gros, sont des exemples parmi d’autres. On peut découvrir les « Gribouillons de Dubouillon » avec le texte de Reiser sur la vie animale ou les définitions caustiques et déjantées de Lacombe sur des personnages-types tels que L’arriviste, Le fainéant ou L’actionnaire. Le détournement des mots et des images est un lieu commun du dessin satirique que l’on retrouve dans les coups de crayon de Coco et Lacombe : les tabous y sont brisés, notamment la mort et les attentats.
Aucune catégorie d’âge ou sociale n’est épargnée, à l’image des dessins provocateurs mais légers de Faujour. Ce dernier prend notamment un malin plaisir pour transformer les sujets du baccalauréat : en histoire, « André Malraux fait-il son coming out quand il dit entre ici Jean Moulin ? ». Vers la fin de l’exposition, on peut remarquer une mise en lumière du travail de reporter des dessinateurs de presse, à l’image de Coco avec ses reportages en dessin. On peut y découvrir la passation de pouvoir de François Hollande à Emmanuel Macron ou l’exposition sur Gaston Lagaffe, le héros éponyme de Franquin, comme une mise en abîme habile qui souligne les liens évidents entre la BD et le dessin de presse. En quelques traits, l’engagement des dessinateurs se mêle ostensiblement avec la créativité et le second degré. Une dizaine de piles de livres des mêmes auteurs exposés trône sur la table centrale, on y découvre des ouvrages des dessinateurs exposés mais aussi des anthologies de Charlie Hebdo de Tignous. Les commentaires enjoués des visiteurs et leurs rires plus ou moins étouffés rassurent la Mairie du 4e : les dessinateurs de presse, à la fois artistes et journalistes devraient pouvoir bénéficier de nouvelles expositions lyonnaises pour les prochaines années.