L'occasion de rencontrer ce grand acteur, qui fait de la protection du cinéma sud-coréen un combat.
Né à Séoul en Corée du Sud, Choi Min-sik a commencé sa carrière au théâtre, avant de découvrir l'univers du cinéma. Aujourd'hui, il fait partie des plus grandes stars de son pays, estimé pour son jeu percutant et son intégrité politique. Pour son rôle dans Old Boy, Choi Min-sik a reçu du gouvernement coréen l' " Ordre du Mérite Culturel ". Un prix qu'il a refusé pour protester contre la réduction des quotas de films coréens dans son pays, entraînant ainsi l'arrivée d'un trop grand nombre de films hollywoodiens, néfaste au développement du cinéma national. Choi Min-sik fait toutefois la part des choses : " Je ne pense pas que des films américains, sud-coréens ou français puissent être concurrents. Tout comme il n'y a pas de concurrence entre les cultures : il faut respecter leur diversité. Nous avons le droit de profiter de tous les bons films internationaux. Notre refus de la suppression des quotas est justifié, ce n'est pas une vision nationaliste. Mais quand les gérants de salles de cinéma décident de projeter un film, ils se demandent uniquement si ça va rapporter de l'argent, et pas si c'est un bon film. La politique protectrice du quota permet justement au public coréen de rencontrer de grands réalisateurs tels que Hong Sang-su ou Kim Ki-duk. "
Choi Min-sik n'a jamais craint de jouer des rôles de " méchants ", dont il s'est même fait une spécialité : un contremaître despote dans une usine (Kuro Aringang de Park Chon-won, son premier film), un terroriste (Shiri, gros succès en 99), un gangster raté (Failen, 2002) ou encore un assassin d'enfant (Lady Vengeance, qui clôt une trilogie composée de Sympathy for Mr. Vengeance et de Old Boy). " Quand je joue un rôle méchant, je ne veux pas une méchanceté absolue, c'est-à-dire inexpliquée. Je pense qu'il doit y avoir une légitimation : pourquoi ce méchant est-il devenu méchant ? J'aime montrer ce processus ", explique-t-il.
Dans son prochain film Himalaya, where the Wind Dwells, Choi Min-sik incarnera un homme qui cherche un sens à sa vie et part au Népal après s'être fait licencié. Les conditions de tournage furent par ailleurs assez particulières : " C'était extraordinaire : il y avait des sommets de 8000 mètres autour de moi ! J'ai eu très peur, raconte-t-il. Le vent était tellement violent que parfois, je croyais qu'il allait m'emporter. Il n'y avait que 60% d'oxygène dans l'air. Je pense que je suis le seul à avoir escaladé jusqu'à 4500 mètres d'altitude en costume, avec cravate et chaussures en cuir ! (rires) ".
Margaux Duquesne
Le festival Cinémas et Cultures d'Asie se prolonge jusqu'au 18 novembre. Renseignements sur www.asiexpo.com.