Le jour de la première, il participe activement à la grande journée de soutien en faveur du théâtre de la Croix-Rousse, à qui le ministère de la Culture a gelé le label "scène nationale".
Vous venez régulièrement jouer à au théâtre de Croix-Rousse, qu'est-ce qui fait la singularité de ce lieu selon vous ?
Omar Porras : Je trouve que c'est un lieu de création et de représentation assez exceptionnel en France ; la programmation est excellente et il a un public extraordinaire ! Chaque fois qu'on est à la Croix-Rousse, on sent un esprit de fête. C'est un quartier de Lyon extraordinaire, pluriculturel, et cela se reflète aussi dans son théâtre. Il n'est pas élitiste, formel, c'est un théâtre qui prend des risques, qui aime l'aventure humaine et l'aventure poétique. Ça se voit et ça se vit quand on est sur scène !
Ce théâtre a aussi cette particularité qu'il est animé par un homme fou du théâtre : Philippe Faure n'hésite pas à faire le clown, c'est-à-dire à être un artiste qui prend des risques. Il est un homme du plateau, du théâtre dans l'esprit de Molière : il écrit, met en scène, joue, trouve l'argent, part en tournée...
Que pensez-vous du fait que le ministère de la Culture suspende l'attribution à ce lieu du label "scène nationale" ?
Le fait qu'il y ait une hésitation de la part des politiques à soutenir ce théâtre, c'est tragique ! A mon sens, c'est une politique culturelle totalement décalée d'asphyxier un théâtre qui donne tant de vie. Ça veut dire qu'on est en train d'étouffer l'assemblée publique. Car ils sont rares les lieux qui atteignent un esprit de communion collective aussi important qu'à la Croix-Rousse. C'est vraiment lamentable qu'on puisse hésiter à le soutenir !
Pourquoi montez-vous une pièce de Brecht ?
Je suis profondément lié à Brecht depuis l'origine de notre compagnie, dans la façon de concevoir l'art scénique. Car Brecht a aussi été lié à un théâtre de tradition tel que les farces du Moyen-Age. Mais Brecht n'est pas facile à monter car il a beaucoup été politisé par les metteurs en scène et les critiques. Il est effectivement engagé, mais ses textes ne contiennent pas que ça. C'est un théâtre politique mais lié à la vie, au rythme de la vie, qui n'est pas que métro-boulot-dodo mais qui est aussi celui de la fête, de la relation avec la magie, avec le mystère. Notre spectacle met en valeur ces sources brechtiennes : la vie, le cabaret, le théâtre musical, la farce... On veut rendre spectaculaire et festive une réflexion sociale et politique.
Maître Puntila et son valet Matti de Brecht, mise en scène d'Omar Porras, du 4 au 13 mars au théâtre de la Croix-Rousse.
Place Joannès Ambre, Lyon 4e.
04 72 07 49 49. www.croix-rousse.com
Grande journée de soutien "tous ensemble à la Croix-Rousse / Scène nationale de Lyon, le mardi 4 mars de midi à minuit.