Après un festival haut en couleur, l’Opéra de Lyon enchaîne avec Katia Kabanova de Leos Janáček. Une nouvelle production dont les “maîtres d’œuvre” seront pour l’occasion des maîtresses grâce à un casting à forte dominante féminine.
Inspiré de la pièce d’Alexandre Ostrovski, L’Orage, le sixième opéra de Leos Janáček est le récit d’une histoire impossible entre les enfants de deux familles de notables d’une petite ville russe. Dans une société puritaine et conservatrice où dominent de riches commerçants, Katia Kabanova, belle-fille de Kabanicha, est haïe et jalousée par la mère de son époux, Tikhon, qui règne en despote sur la famille. Un amour réciproque s’instaure entre Boris, le neveu d’un autre riche négociant, et Katia jusqu’à ce qu’à la faveur d’un déplacement de deux semaines de Tikhon, l’amour défendu soit consommé avec passion dix nuits durant.
Rongée par le désespoir et le remord, Katia finit par avouer sa faute avant que l’on retrouve bientôt son corps inerte non loin de la Volga, stoppée dans sa fuite par la colère de la belle-mère cruelle.
Katia Kabanova, c’est l’histoire d’une femme à la fois forte et fragile, opprimée par un milieu étouffant et les convenances sociales, de la lâcheté des hommes, passifs face à la tyrannie.
Comme souvent dans les opéras de Janáček, les personnages féminins sont mis au premier plan (Katia, Jenufa, Emilia Marty dans L’Affaire Makropoulos, et Bystrouska, la petite renarde rusée). À la lecture de la biographie du compositeur, elles apparaissent comme autant d’avatars de Kamila Stösslová, une jeune mère de famille de 26 ans dont Janáček tombe follement amoureux (au point de lui écrire plus de sept cents lettres) sans que cette dernière ne lui offre la réciprocité de cet amour. Cette tragédie personnelle nourrira ainsi l’œuvre du musicien tchèque à travers ces portraits de femmes qui ne sont que le reflet de Kamila.
L’Opéra de Lyon profite ici de l’occasion pour confier la mise en œuvre de cette nouvelle production à une équipe 100 % féminine au rang de laquelle on croisera Elena Schwarz au pupitre, Barbara Wysocka à la mise en scène ou encore la scénographe Barbara Hanicka.
Katia Kabanova – Du 28 avril au 13 mai, à l’opéra de Lyon