C’est en assistant à la pièce L’Affaire Makropoulos de son jeune compatriote, le virtuose Karel Čapek, que LeoŠ Janáček a la révélation.
Séduit par le sujet relevant de la science-fiction, il en achète les droits et adapte l’œuvre en se concentrant sur l’héroïne, Emilia Marty, une cantatrice magnifique et adulée, menacée de perdre son immortalité si elle ne retrouve pas la recette du filtre qu’elle a bu 337 ans auparavant.
Redoublant de cynisme et de cruauté, elle trompe le monde en changeant d’identité afin de retrouver cette formule qui lui permettra de connaître un nouveau cycle de vie.
Dans cet avant-dernier opéra, Janáček innove en choisissant d’épouser au maximum le langage parlé : il supprime airs, duos et ronrons coutumiers, place un chœur hors de la scène dans le dernier acte pour aboutir à une théâtralité expressionniste radicale.
Le metteur en scène Richard Brunel met ici à son tour la main à la pâte en dépeignant la cantatrice iconique Elina Makropoulos – dont Emilia n’est qu’un des avatars – telle une femme seule, obsédée par l’immortalité de sa voix et en la mettant en miroir avec la jeune Krista, débutant quant à elle et doutant de son talent.
À noter que la direction d’orchestre de cette nouvelle production de l’Opéra de Lyon sera confiée à Alexander Joel.
L’Affaire Makropoulos – Du 14 au 24 juin à l’opéra de Lyon