Après Janacek, Offenbach, Kurt Weill, Tchaïkovski, Mozart et Puccini, c’est au tour de Benjamin Britten de faire l’objet du festival annuel de l’Opéra de Lyon. Lancement ce jeudi soir avec Peter Grimes.
L’année 2013 marquant le centenaire de la naissance du compositeur, c’est naturellement que Serge Dorny choisit Britten pour ce dernier (?) “théma” en tant que directeur des opérations.
Souvent considéré comme le plus grand compositeur britannique depuis Henry Purcell (en excluant Haendel, né allemand), Benjamin Britten scelle le retour du Royaume-Uni au-devant de la scène.
La nouvelle “école britannique”
Nation richissime si l’on compte le nombre de compositeurs de renom à la Renaissance et au XVIIe siècle (Tallis, Gibbons, Dowland, Locke, Blow, Lawes et bien sûr Purcell), l’Angleterre connut soudain un “passage à vide” à l’aube du XVIIIe siècle, brillant par ailleurs dans le domaine des musiques folkloriques et plus tard du music-hall ou de la pop music. Il faut pourtant attendre le XXe siècle pour voir apparaître une nouvelle “école britannique”, dont Britten constitue le fer de lance – devant des Holst ou Vaughan Williams moins prolifiques.
Son œuvre, profuse mais en grande partie méconnue, notamment en France, fait preuve d’une inspiration personnelle tout en sobriété. Loin du tempétueux Stravinsky (que Britten admirait, au passage) ou du mystique de Messiaen, Benjamin Britten affiche des arguments “modestes” et un langage s’affranchissant de l’atonalité en vigueur à l’époque. À défaut d’étaler une œuvre “révolutionnaire”, le compositeur accède loyalement à la postérité grâce à une production lyrique parmi les meilleures de son siècle.
Peter Grimes
1945, fin de la Seconde Guerre mondiale. Benjamin Britten, de retour depuis peu de son exil aux États-Unis lié à la guerre, est l’homme de circonstance pour la réouverture de la salle mythique du Sadler’s Wells à Londres, accueillant la création de son opéra Peter Grimes. Une inauguration en grande pompe mais un livret (inspiré d’un long poème de George Crabbe) mettant en scène un pêcheur fou, solitaire, brutal, inadapté à la société...
Le Tour d’écrou
Dix ans plus tard, Britten, tirant les conclusions de ce Peter Grimes à la mise en œuvre laborieuse, notamment en ce qui concerne son exécution par l’orchestre, compose Le Tour d’écrou pour un orchestre de chambre de 13 musiciens cette fois-ci. Le livret, adapté de Henry James, soulève des questions “gênantes”, abordant subtilement les thèmes du puritanisme et de la pédophilie...
Curlew River
1964. L’Angleterre n’a d’yeux que pour A Hard Day’s Night des Beatles. Britten, quant à lui, redouble d’économie de moyens : sept musiciens sur scène seulement pour accompagner ce Curlew River (qu’il qualifiera lui-même de “parabole d’église”) adapté d’une pièce médiévale de théâtre nô japonais. L’épure est ici à son paroxysme : quelques éléments de décor seulement, un banc, une corde, un plateau nu en bois... et la thématique de la folie qui revient hanter l’œuvre d’un compositeur doucement dérangeant...
Festival Britten. Du 10 au 29 avril, à l’opéra de Lyon. Réservations sur le site Internet de l’opéra ou par téléphone au 04 69 85 54 54 (12h-19h du mardi au samedi).
Le Tour d’écrou – Vendredi 11 à 20h, merc. 16, vend. 18, merc. 23, dim. 27 et mardi 29.
Curlew River – Samedi 12 à 20h, jeudi 17, lundi 21 et vend. 25.
Peter Grimes – Dimanche 13 à 16h, mardi 15, sam. 19, mardi 22, jeudi 24 et sam. 26.
Pour en savoir plus sur Benjamin Britten, nous vous proposons de regarder ce portrait vidéo produit par la fondation Britten-Pears :