Le thème de l’amour impossible aura décidément fait couler beaucoup d’encre. Dans Journal d’un disparu, le compositeur tchèque Leos Janácek met en scène sa propre histoire, l’impasse de son idylle avec Kamila Stösslovà, muse de ses dernières années.
Un garçon tombe éperdument amoureux d’une jeune Tzigane, abandonnant son village et ses racines pour cette passion interdite par le milieu social. Toute similitude avec des faits réels (en l’occurrence l’acte tristement manqué du compositeur tchèque Leos Janácek) n’a rien de fortuit. C’est bien des quelque 700 lettres écrites à Kamila, sa cadette de 26 ans (Janácek en a alors 63), mariée et mère de deux enfants, que découle la nécessité de ce journal à propos duquel l’auteur confie à son amour : “Cette sombre Tzigane, c’était toi.”
22 chants et quelques additions
Composé sur des poèmes en tchèque attribués à Josef Kalda, ce cycle de 22 lieder (chants) pour ténor et mezzo-soprano soli, trois voix de femmes et piano se distingue des cycles de chants classiques par des indications de “mise en scène”. En effet, le chœur à trois (deux soprano et une contralto) n’est pas sur scène tandis que la soliste, Zefka, ne doit apparaître qu’à partir du chant VII pour disparaître discrètement pendant le chant XI.
Ivo Van Hove, à la manœuvre ici, tente d’aller plus loin en dotant l’œuvre d’une réelle mise en scène, dont la dramaturgie est confiée à Krystian Lada. Le cycle, composé de pièces courtes ne dépassant pas au total 37 minutes, s’adjoint en sus le concours de la compositrice actuelle Annelies Van Parys, qui a doté cette création originale de sections additionnelles accentuant la dramaturgie et l’équilibre entre les parties masculines (pour ténor) et le rôle des voix féminines.
Comme souvent au cours des saisons, l’Opéra de Lyon délocalise la production, ici au TNP de Villeurbanne, profitant d’une formation instrumentale réduite et d’un caractère intimiste se prêtant à l’acoustique et aux proportions du théâtre partenaire.