Le metteur en scène David Marton (Capriccio, Orphée) revient à Lyon pour ouvrir en grande pompe la saison de l’opéra, avec La Damnation de Faust de Berlioz.
La Damnation de Faust de Berlioz est une œuvre ambitieuse en ce sens qu’elle se veut dès le départ “inclassable”, un objet musical non identifié mêlant réel et irréel, terrestre et divin, qui prend finalement une forme hybride, entre opéra et oratorio. C’est sans doute ce côté insaisissable qui conduira Berlioz à l’échec et à la ruine, l’œuvre ne trouvant pas de public à sa création, en 1846. Elle connaîtra néanmoins une résurrection après sa mort.
Le pacte faustien
Rappelons les “faits” : Faust, désespéré, s’apprête à avaler une boisson empoisonnée. C’est là qu’apparaît Méphistophélès. Celui-ci lui propose un pacte : il le guidera vers la découverte des plaisirs en échange de quoi son âme, à sa mort, lui appartiendra.
Adaptée du Faust de Goethe par le compositeur lui-même et un certain Almire Gandonnière (avec qui il s’attellera à faire rimer le théâtre du poète allemand), La Damnation de Faust accorde un rôle primordial au chœur, qui incarne le monde réel, la foule terrestre, politique, en opposition aux solistes du trio de tête (Faust, Méphistophélès et Marguerite), sorte d’élite métaphysique appartenant au monde divin.
Marton remporte la mise
C’est cette manière originale, libre et expérimentale, qu’a Berlioz de traiter le sujet qui a séduit le metteur en scène David Marton, dont les propres partis pris tranchés ne passent jamais inaperçus.
Après un magnifique Capriccio de Strauss et l’excellent Orphée de Gluck la saison dernière (on se souvient également du sulfureux Don Giovanni, keine Pause présenté aux Nuits de Fourvière en 2012), Marton s’attaque à ce Faust qui paraît taillé sur mesure pour lui.
Une belle entrée en matière donc à l’opéra, d’autant que la distribution est au rendez-vous : Charles Workman dans le rôle de Faust, Laurent Naouri en Méphistophélès et Kate Aldrich/Marguerite). Kazushi Ono et Philippe Forget se partageront quant à eux la baguette à la tête de l’orchestre de l’Opéra. Une nouvelle production sur laquelle se pencher.