Quel que soit le prétexte invoqué, artistique ou scientifique, c'est avant tout une provocation qui surfe sur un thème qui fait mouche, la mort. Comme le sexe, la mort, fascine. Elle est donc en proie à des exploitations commerciales faciles. Et ça marche ! 5500 visiteurs en 5 jours à 15 € la place tout de même.
Vient ensuite la question qui fait débat : est-ce de l'art, de la science et tout simplement de l'humain ? Ayant été sollicité à plusieurs reprises sur ces questions, j'ai décidé d'y aller
Face à cette technique impressionnante et au réalisme imbattable des anatomies, rien à redire. Cette vue de l'intérieur hors du commun, de notre corps, de nos organes, a le mérite de nous montrer tels que nous sommes. En cela, ce sont des données empiriques qui peuvent avoir une vertu pédagogique ; quoique je doute que le grand public ait besoin d'autant de réalisme pour comprendre le corps humain.
Sur le plan artistique, beaucoup plus subjectif. Inutile de penser y amener les enfants comme je le fais régulièrement à la Biennale d'art contemporain notamment, où toute autre âme sensible ! Aucun doute, je n'ai pas été touché par cette forme d'art, s'il en est, bien au contraire.
Un sentiment de malaise s'est même installé. Difficile au début d'imaginer que ces corps ou morceaux de corps ont été des hommes. Figés dans des postures et rictus artificiels, ils n'ont en effet plus rien d'humain. Mais comment oublier qu'ils l'ont été ? D'où viennent ces hommes ? Se sont-ils douté, en cédant volontairement leur corps à la recherche scientifique, qu'ils seraient ainsi exhibés à travers le monde ? Comment dissocier à ce point le corps de l'esprit ?... Autant de questions qui génèrent autant de doutes quant au bienfondé de cette exposition.
Et dans le doute sur la question du respect de la dignité humaine, mieux vaut, à mon sens, s'abstenir... Lyon a les moyens de gagner en notoriété autrement que par la polémique.
Denis Broliquier (Divers droite), maire du 2e arrondissement de Lyon