Pas si nouvelle vague que ça !

Le Ballet de l’Opéra de Lyon dévoile un programme effectué avec 3 jeunes chorégraphes venus des Etats-Unis et d’Australie. Un travail expérimental qui explore le mouvement à travers la danse, le théâtre, la vidéo et les arts plastiques. Rien de nouveau n’est venu de leurs lointains horizons, mais quand même de superbes moments visuels, poétiques ou de danse.

Au prétexte que depuis le 11 Septembre, New York est envahie de caméras de surveillance, Jason Akira Somma se pose la question de l’intrusion du regard de l’autre, à la fois lorsqu’on se sait observer et quand on l’ignore. Avec l’aide de caméras infrarouges, il capte les mouvements des danseurs cachés derrière un écran et sur lequel ils apparaissent transformés, démultipliés et plus élaborés. Dans un second temps, les danseurs apparaîtront portant des caméras sur eux, leurs mouvements projetés sur l’écran et mixés en direct par l’artiste. L’idée sous tendue est celle de la manipulation par l’oeil extérieur, mais aussi du rapport de force, palpable, lorsque les mouvements des danseurs sur scène semblent plus faibles que leur transformation, alors qu’à d’autres moments leur présence s’impose, seule. Le réel intérêt de ce procédé vidéo réside dans le fait que le chorégraphe parvient à dessiner un univers véritablement poétique, où les corps virtuels et de chair deviennent matières, couleurs, formes, se métamorphosant en halos de lumière pour nous offrir au final des tableaux mouvants et émouvants.

Otto Ramstad lui, a demandé aux danseurs du Ballet d’improviser à partir de souvenirs d’enfance, se déroulant dans leur chambre et dans leurs rapports entre frères et sœurs, puis les a filmés pour construire à partir d’extraits sélectionnés. Propulsés dans un cadre scénique blanc avec au début, un fond sonore rappelant la puissance d’une soufflerie, les danseurs nous embarquent très vite dans un univers mental délicat. Faite d’hystéries ou de joies collectives et individuelles, cette pièce est intéressante par son écriture, car derrière un apparent fouillis on perçoit une réelle construction, capable de faire émerger les personnalités des danseurs, leur vécu sensible et des flots de rêves. On retient aussi ce moment où le groupe, devenu fratrie autour d’une table, démontre à travers le jeu une belle qualité de déplacements et de transmission des mouvements. La troisième pièce de l’Australien Antony Hamilton se situe dans une boîte noire, avec 21 danseurs vêtus de costumes sombres à piquants, camouflant leur corps, leurs formes et leur tête. Ils constituent une masse sans identité qui, sous l’effet de rayons laser rouges, bougera et se transformera en d’autres formes inconnues. Échapper à ce qui est reconnaissable et essayer de percevoir l’espace de manière abstraite et par l’effet d’optique, c’est ce que cherche l’artiste. Cela fonctionne bien les 20 premières minutes, mais on finit par se lasser de ce lieu étrange et ses mutations scéniques menées par un procédé visuel trop répétitif.

Somma/Ramstad/Hamilton, et le Ballet de l’Opéra de Lyon, aux Subsistances jusqu’au 12 juin.

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